La Poste doit redevenir un service public

Suisse • Pour la gauche et les syndicats, l’affaire CarPostal doit mener à une réorientation claire de La Poste vers sa mission de service public. Le simple remplacement des dirigeants ne suffira pas.

«Madame Ruoff part, les problèmes demeurent». Le titre du communiqué de Syndicom suite à la publication du rapport d’experts sur le scandale à CarPostal, qui a débouché notamment sur la démission de la directrice de La Poste et le remerciement de l’ensemble de la direction de CarPostal, résume à peu de chose près la position de la gauche et des syndicats quant à la situation du géant jaune. En bref, la remise en question ne doit pas s’arrêter à un simple remplacement de personnes. «La classe politique doit envoyer des signaux clairs à l’attention de la direction de La Poste. Il faut que cette dernière comprenne que le but premier du groupe postal ne consiste pas à maximiser les profits, mais à garantir un service public étendu», interpelle le syndicat.

Le syndicat autonome des postiers va même plus loin, estimant qu’«il ne faut pas que les regards et expertises se contentent d’analyser uniquement la comptabilité de Car Postal». Il rappelle ainsi qu’il a fait part depuis 2007 «de forts soupçons également sur la comptabilité du Réseau postal et du soi-disant déficit des offices de poste» et demande une enquête parlementaire à ce sujet. Du côté des usagers, la coalition «Touche pas à ma poste Vaud» souligne elle aussi que «si cette affaire est particulièrement grave, elle ne fait que de s’ajouter à d’autres problèmes (…), comme la fermeture des offices de poste [ou] le non-respect de la loi en ce qui concerne le service universel grâce à des subterfuges mathématiques».

Le PS considère lui aussi que «le rapport d’enquête externe sur l’affaire CarPostal démontre clairement, une nouvelle fois, que la Poste a opté pour une logique de maximisation des profits sur des tâches relevant du service public». Pour les socialistes, la Poste doit «orienter à nouveau ses activités dans le sens des attentes de la population et fournir un service public irréprochable. Il est temps de mettre un terme au démantèlement des offices postaux, aux salaires excessifs des dirigeants et aux affaires faites à l’étranger».

Syndicom souligne enfin que «les bénéfices irréalistes escomptés au sein du groupe conduisent à des détériorations constantes des conditions de travail et compromettent l’accès aux prestations postales et financières sur l’ensemble du territoire». Il considère aussi que «le groupe doit être appréhendé comme une unité. Les expériences des dernières années l’ont montré: les externalisations et scissions ne sont pas la bonne solution».