Et si on coupait le courant?

Il faut le dire • La semaine dernière à Lausanne, une soixantaine d’électriciens vaudois ont scandé leur ras-le-bol face à leurs conditions de travail précaires

La semaine dernière à Lausanne, une soixantaine d’électriciens vaudois ont scandé leur ras-le-bol face à leurs conditions de travail précaires. Comme ils l’ont rappelé, ils sont les premiers à arriver sur un chantier et les derniers à en sortir, mais ce n’est pas pour autant que leur salaire correspond à leur charge de travail. Ils réclament ainsi un rehaussement des salaires de 200 francs par mois ainsi qu’une augmentation de 12 à 20 francs quotidiens des frais de repas.

L’un des slogans forts de la manifestation était: «Electros, pas contents, on va couper le courant!» Devant les Transports publics lausannois ou les CFF, les électriciens ont rappelé que sans électricité, ces entreprises ne pourraient pas tourner. A la fin de la manif, autour d’un verre dans les bureaux d’Unia, l’un d’eux s’interrogeait: «A force de dire qu’on va couper le courant, peut-être qu’un jour il faudrait réellement passer à l’acte?»

Une question qui semble plus que pertinente. En effet, si la lutte syndicale en suisse devenait plus engagée? Si on revenait à un syndicalisme sauvage, avec des actes percutants, qui mettraient une réelle pression sur les patrons et les milieux économiques? Souvenons-nous de Gérard Forster, syndicaliste de terrain et de haute volée, qui avait à l’époque réquisitionné des roues de camions de chantier tant que les salaires des ouvriers n’étaient pas payés. Méthodes musclées, mais résultats garantis!

Dans l’un des pays les plus riches au monde, où le droit du travail est l’un des plus libéral, les travailleurs doivent être entendus, leurs revendications doivent aboutir et pas seulement par l’intermédiaire de négociations paritaires entre personnes toujours plus «bureaucratisées».

Si les travailleurs, comme actuellement les électriciens, veulent vraiment se faire entendre et gagner des luttes, il faut une mobilisation forte et unie. Mais surtout, il faut en finir avec la paix du travail, qui profite essentiellement au patronat, et permettre une totale liberté syndicale (signe de démocratie) pour que tous les travailleurs se réapproprient la rue, leurs entreprises et barrent la route au patronat.