Graeme Allwright, chanteur et passeur de culture

Livre • Les éditions Cherche midi publient un ouvrage intitulé «Graeme Allwright par lui-même».

Si des chansons comme Qui a tué Davey Moore? (adaptation française d’une chanson de Bob Dylan), Qu’as-tu appris à l’école? (Tom Paxton) ou Jusqu’à la ceinture (Pete Seeger) sont entrées dans le répertoire de la chanson française, c’est grâce à lui. Dans son avant-propos, Graeme Allwright en explique la démarche: «Le temps passe, les souvenirs s’effacent… Pendant très longtemps je ne voulais pas entendre parler d’un livre «sur moi» […] Et puis l’âge venant, l’idée a fait son chemin […] Alors j’ai décidé de confier mes souvenirs à Jacques Vassal, qui me connaît très bien et depuis très longtemps».

Au fil des pages Graeme Allwright se raconte sous la plume de l’auteur. Auteur, compositeur interprète, il s’est tenu en marge de ce show business dans lequel il ne se reconnaissait pas. Fils de chef de gare, il est né en 1926 à Lyall Bay, une banlieue de Wellington en Nouvelle-Zélande. Dans la famille Allwright tout le monde chante. Graeme grandira dans cet environnement musical et qui influencera probablement son choix de s’orienter vers les métiers du spectacle.

Une nouvelle version de La Marseillaise

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale il s’embarque pour Londres pour aller suivre une formation de comédien. Il paye son voyage vers l’Angleterre en travaillant comme mousse sur le bateau qui l’emmène. Arrivé à Londres, il suit les cours à l’Old Vic Theatre et y rencontre Catherine Dasté, jeune comédienne française, qui sera sa première épouse. A la fin de leurs formations théâtrales, ils quitteront l’Angleterre pour s’établir en France et Graeme va passer du théâtre au monde de la chanson. Il sera un «passeur culturel» qui adaptera et chantera en français Leonard Cohen, Woody Guthrie, Pete Seeger ou Bob Dylan et adaptera et interprétera Georges Brassens en anglais. Il écrira en français et interprétera également ses propres chansons comme Les retrouvaillesIl faut que je m’en aille, Ne laisse pas partir ta chance et ira jusqu’à proposer de nouvelles paroles pour La Marseillaise : «Pour tous les enfants de la terre – Chantons amour et liberté – Contre toutes les haines et les guerres – L’étendard d’espoir est levé ».

Le livre de Jacques Vassal raconte le parcours atypique de ce chanteur entre deux continents et entre deux langues. Construit autour du récit de la trajectoire de ce Néozélandais et d’interviews qu’il accorda à l’auteur. Graeme Allwright y parle de son pays natal, sa découverte de l’Angleterre puis de la France. Il y raconte aussi ses mille et un métiers et ses nombreux voyages. Au-delà d’un parcours individuel, c’est aussi toute une période de la chanson française qui y défile. On y croise des artistes comme Colette Magny, qui l’aida à démarrer dans le milieu parisien en le présentant à Mouloudji, qui produira le premier album de Graeme Allwright. C’est aussi le parcours d’un artiste qui, au fil de ses nombreux voyages se revendique «citoyen du Monde», préoccupé par les thèmes de la sauvegarde de la planète et de la promotion de la paix. Graeme Allwright par lui-même est le récit de cet «humain» hors normes qui chercha en permanence à vivre au plus proche de ses convictions.

Graeme Allwright par lui-même, Graeme Allwright et Jacques Vassal, éditions le cherche midi, mai 2018.