Un automne politique chaud

Neuchâtel • La rentrée politique s’annonce tendue avec des dossiers chauds tant sanitaires que fiscaux devant le parlement pour ces prochains mois.

Le projet de future réorganisation hospitalière du canton pourrait passer devant le grand Conseil en début d’année prochaine. DR

Ces dossiers touchent des règles de base du canton et exigent des décisions sagement mûries. Pourtant, la logique qui guide quasiment tous les projets du Conseil d’Etat s’articule autour de la nécessité, pour le gouvernement et la droite, de réaliser des économies. A croire que la vie d’une communauté au XXIème siècle, ne peut se concevoir que par des mesures de restrictions budgétaires pour rendre les gens heureux. Cette position ne constitue pas une originalité. On constate la même logique dans tous les pays occidentaux qui se prétendent évolués. Tout est conçu pour que les riches s’enrichissent et que les pauvres s’appauvrissent.

En 2015, la croissance du PIB neuchâtelois par habitant était même la plus importante de Suisse du fait de ses activités économiques, mais les pouvoirs publics n’ont pas d’argent et ils réduisent les services à la population. Le canton ne tire ainsi aucun avantage de l’activité économique des salariés puisque les impôts sur le bénéfice des entreprises sont réduits et vont se réduire encore. De plus, les impôts des grandes entreprises sont payés sur le lieu de leur siège principal, dont la plupart ne se trouvent pas dans le canton. La seule chose qui n’est pas esquissée dans ces projets, c’est le temps qu’il faudra à la population pour qu’elle prenne conscience de cette supercherie que l’on peut définir par l’expression: ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai. Passons en revue quelques dossiers.

Hôpital neuchâtelois

Contrairement à ce qui a été annoncé en février, le centre de soins palliatifs de La Chaux-de-Fonds, La Chrysalide, ne sera pas déplacé avant deux ans sur un autre site de l’Hôpital neuchâtelois (HNE). En juin dernier, le Conseil d’administration de l’HNE avait déjà sollicité l’autorisation de déplacer l’unité de soins palliatifs sur le site de soins aigus de La Chaux-de-Fonds. La réussite de la motion populaire (plus de 3’000 signatures) n’est certainement pas étrangère au changement de décision du gouvernement en cette fin d’août. Le report de la décision définitive est justifié pour que l’avenir de cette remarquable institution soit en adéquation avec l’organisation hospitalière cantonale, faisant suite au vote de février 2017 favorable au maintien de deux hôpitaux dans le canton. Soulignons que le Conseil d’Etat estime la proposition du Conseil d’administration justifiée dans son principe, ce qui laisse un goût amer.

Par ailleurs, l’HNE a décidé de supprimer plus de 100 emplois équivalents pleins-temps, ainsi des lits. Des mesures qui passeront par des licenciements. Ces suppressions d’emplois ne se justifient pas par des réductions des besoins, mais elles répondent aux économies exigées par le gouvernement.

Cet épisode surgit dans le cadre de la future organisation hospitalière qui voit son traitement repoussé au Grand Conseil en raison des travaux de la commission hospitalière qui travaille sur un contre-projet à celui du Conseil d’Etat sur la mise en œuvre de l’initiative pour deux hôpitaux. Celui-ci devrait être présenté aux milieux concernés durant le mois de septembre, alors que le parlement pourrait aborder ce difficile dossier au début de l’année prochaine.

Cadeaux fiscaux

L’autre dossier d’importance traite de la fiscalité. En juillet, le Conseil d’Etat a annoncé sa volonté de baisser encore la fiscalité des personnes physiques et entreprises, en réduisant le taux ordinaire d’imposition du bénéfice de 15,6 à 13,4% pour ces dernières et de revoir la péréquation intercommunale, tout cela en prétendant agir pour l’unité du canton et son renforcement. Mais les mesures annoncées auront un impact négatif pour plusieurs communes les plus pauvres alors que les plus riches, qui peuvent offrir à leur population le taux d’impôt le plus bas du canton seront favorisées. Comprenne qui pourra!

Toutes les mesures prévoyant des économies vont dans le bon sens selon la droite. Dans la réalité, les tâches publiques au service de la population se réduisent ce qui suscite de vives réactions lors de leur mise en œuvre. Dans les services cantonaux, les réductions des financements détérioreront les conditions de travail et plomberont l’ambiance. Les élus sauront-ils prendre en compte ces contradictions? L’avenir le dira