Femi Kuti célèbre «un monde, un peuple»

Musique • Les musiciens nigérians Femi Kuti & The positive Force viennent de sortir un nouvel album avant un passage en Suisse.

Pour cette chronique musicale, faisons un petit voyage vers l’Afrique. Fondateur de l’Afrobeat – un mélange de musique traditionnelle nigériane, de jazz, de highlife, de funk, et de chant accompagné de percussions et de styles vocaux, militant de la lutte anticolonialiste et anti-corruption au Nigéria, Fela Kuti a payé ses combats de nombreux sévices et séjours en prison. Gravement atteint dans sa santé par le sida, il n’a dû sa dernière libération qu’au fait que le pouvoir nigérian craignait plus que tout qu’il meure en détention. Le gouvernement ira même jusqu’à décréter quatre jours de deuil national et, le 12 août 1997, un million de personnes assistèrent à ses funérailles. Outre l’héritage musical qu’il nous a laissé (représentant plus d’une cinquantaine d’albums en un peu plus de vingt ans), deux de ses enfants ont repris le flambeau: Seun Kuti et Femi Kuti. Porter un tel héritage ne doit pas être facile, mais ils ont réussi tous deux à forger leurs propres identités.

Une nouvelle grandeur pour l’Afrique

Femi Kuti a sorti son nouvel album en février. Son titre est à lui seul tout un programme: One people one world (un monde, un peuple). «Le racisme n’a pas de place – ne donnez pas d’espace à la haine – les vertus doivent guider la race humaine – c’est la paix et l’amour que nous devrions embrasser – Un monde, un peuple», chante-t-il. La musique de Femi Kuti est un concentré d’énergie et de rythmes; ses textes, des appels à nous réveiller de notre torpeur pour enfin transformer notre monde.

L’album s’ouvre avec un titre dont la musique accroche dès les premières mesures: Africa will be great again. Avec cette chanson, Femi Kuti revendique une nouvelle grandeur pour l’Afrique. Il appelle à ce que ce continent prenne en main sa destinée, en se débarrassant de la corruption et du néocolonialisme. Sa musique est construite sur les cuivres et les chœurs, qui illuminent les sections rythmiques. C’est une musique qui se ressent physiquement, sans besoin d’intellectualisation. Ses textes sont éminemment politiques, mais son message se transmet bien au-delà des mots. Il porte ses combats pour un continent, qui est dans les faits le plus riche de notre planète, mais qui continue à être pillé. Le néocolonialisme ne cesse d’appauvrir l’Afrique, parfois même en prétendant aider à son développement.

Si les albums de Femi Kuti sont des moments d’énergie pure, c’est sur scène qu’il offre toute la puissance de sa musique et de ses textes. Un concert de Femi Kuti est un voyage musical et émotionnel qui vous prend au cœur et au corps et vous emporte. Cela tombe bien: il va prochainement passer en Suisse.

 

Femi Kuti, One People, one World, Knitting Factory Records (est paru en version cd et en version vinyle).

Concert: 7 novembre, Docks, Avenue de Sévelin 34, Lausanne dans le cadre du JazzOnze+