Le débat agricole doit continuer

Suisse • Avec son double rejet, le peuple a balayé deux textes qui voulaient modifier notre rapport à l’alimentation et à la manière dont elle est produite.

C’est avec regret, mais aussi avec inquiétude, qu’il faut lire les résultats obtenus, avec une très faible participation de 37% de votants. Après un premier sondage très positif, qui démontrait qu’une large partie des citoyennes et citoyens était sensible aux arguments des initiants, les milieux économiques ont utilisé l’argument de l’augmentation présumée des coûts pour faire changer d’opinion une partie des citoyens. Les propos d’Alain Berset, président de la Confédération, craignant une hausse des prix a ajouté un poids officiel à ce discrédit. En disant qu’il fallait tenir compte des habitants ayant de faibles moyens financiers, il évoquait, sans état d’âme, le fait que les pauvres pouvaient manger une alimentation de mauvaise qualité. Au final, ses propos n’ont, semble-t-il, pas pesé lourd dans les choix des électeurs. L’usage des sondages mériterait pourtant d’être réexaminé, car il n’est pas admissible qu’il soit possible de manipuler ainsi l’opinion publique sur la base d’un premier sondage. Dans un communiqué, le Parti suisse du Travail/POP estime que ce vote négatif a été une occasion manquée de prendre des mesures importantes dans la bonne direction en matière de politique agricole. Toutefois, le parti continuera à s’engager en faveur d’une modification de la politique agricole dans le sens des initiatives. L’aspect positif de ces votations est d’avoir permis un large débat dans tout le pays sur un secteur fondamental de la société.

Soutien romand aux initiatives

Les Romands ont toutefois soutenu les deux initiatives. A Neuchâtel, en plus de leur soutien à l’initiative concernant l’inscription dans la Constitution des voies cyclables, plébiscitée partout en Suisse, les citoyens du canton de Neuchâtel ont accepté l’initiative pour des aliments équitables par 57,1% des votants et celle sur la souveraineté alimentaire par 52,7%.

Il faut se réjouir aussi du vote des Jurassiens qui ont soutenu la première initiative par 58,9% et la seconde par 54,1%, tout comme les résultats positifs du Jura bernois et des cantons de Vaud et Genève.

Est-ce un hasard? Un fossé culturel existe certainement entre les choix romands et alémaniques. Mais osons souligner que la culture politique dans ces cantons se nourrit aussi de la présence active de la gauche radicale, en particulier du POP et de SolidaritéS.

Malgré ces refus, les débats sur la politique agricole se poursuivront, car la mise en place de moyens de production respectueux à la fois de l’environnement et des producteurs s’imposera afin que chaque habitant de notre pays trouve une alimentation de qualité