Les femmes sont rouges… de colère!

Il faut le dire • Les fillettes vivant en Suisse continueront de grandir dans un pays qui, lorsqu’elles entreront sur le marché du travail, autorise les entreprises à les payer moins que leurs collègues masculins, à compétences et à travail égal,

Les fillettes vivant en Suisse continueront de grandir dans un pays qui, lorsqu’elles entreront sur le marché du travail, autorise les entreprises à les payer moins que leurs collègues masculins, à compétences et à travail égal. Sans craindre aucune sanction d’un quelconque organe de contrôle. Ainsi en a décidé le conseil national, suite aux débats qui ont eu lieu lundi et mardi au sujet de la révision de la Loi sur l’égalité, suite à un projet de réforme du Conseil fédéral qui prévoyait d’obliger les entreprises de plus de 50 salariés à réaliser tous les quatre ans auto-contrôle de leur politique salariale.

En vidant de toute substance un projet qui avait déjà été édulcoré par le Conseil des Etats, la majorité de droite de la chambre basse confirme qu’elle souhaite que les femmes demeurent des citoyennes de seconde zone. Chaque mesure de contrôle proposée dans le projet initial du Conseil fédéral a été rongée jusqu’à l’os: les contrôles ne concerneront plus que les entreprises de plus de 100 postes «équivalents plein-temps» (EPT), soit moins de 1% des travailleurs et moins de la moitié des sociétés; les apprentis seront exclus de l’auto-contrôle, alors que les jeunes femmes gagnent déjà 7% de moins que les jeunes hommes, toutes conditions égales par ailleurs; cette obligation d’auto-contrôle est limitée à 12 ans, même si à ce moment-là des inégalités persistent. Pire, la droite a même tenté d’augmenter l’âge de la retraite des femmes, par une proposition de minorité du conseiller national PLR Christian Wasserfallen.

Les lois contribuent pourtant à forger les consciences, ainsi que la manière dont les citoyens se projettent dans la société, les rôles et les positions qu’ils entendent occuper dans l’espace social. Comment expliquer à une jeune fille qu’elle vaut la même chose qu’un garçon, qu’elle a les mêmes possibilités que celui-ci, alors qu’elle sait qu’elle gagnera en moyenne 15% de salaire en moins, ce qui correspond à Fr. 303’000.- sur l’ensemble de sa carrière? L’égalité salariale n’est pas un cadeau que la société fait aux femmes, c’est un dû.

C’est pour cette raison que 20’000 personnes ont manifesté samedi dernier à Berne. Et c’est l’une des raisons pour lesquelles les femmes mobilisées et les personnes solidaires s’engageront pour une grève féministe le 14 juin 2019 !