«S’orienter vers une pratique de partage»

Neuchâtel • Le POP neuchâtelois prépare les élections fédérales de l’année prochaine. Du fait de la modicité des moyens financiers pour la campagne, des pistes alternatives de financement sont explorées.

German Osorio, secrétaire cantonal du pop, défend des relations horizontales entre parti et population. (DR)

Cette faiblesse des moyens a conduit German Osorio, secrétaire cantonal à s’interroger sur le financement du parti. Il est convaincu qu’il faut garantir une cohérence entre la théorie et la pratique, entre les objectifs politiques et les actes. Le financement du parti ne devrait ainsi dépendre ni des élus, ni de la politique parlementaire, sous peine que ces liens orientent les décisions politiques. En suivant ce principe, ce sont les militantes, les militants et la population qui devraient assurer les moyens financiers pour que le parti vive. German Osorio souligne, sans ambiguïté, que cette logique est un rêve. Pourtant, la réflexion avance et le débat est sur la table pour aborder ce sujet. Et fixer des objectifs crédibles et audacieux qui garantissent le financement du parti.

Le secrétaire estime que «les finances ne peuvent pas être en roue libre dans la politique du parti». Autrement dit, il est nécessaire de décider ce que l’on veut et ce que l’on peut faire, et ensuite déterminer la logistique afin d’y arriver. «La difficulté réside dans le fait que si notre action est centrée essentiellement sur les élections, le travail parlementaire et les votations, on ne va pas établir un financement indépendamment des élus. On constate que le parti travaille pour avoir des élus, après il travaille pour les appuyer et ceux-ci apportent ensuite le soutien économique à la petite structure, qui a garanti leur élection. C’est un peu pervers, mais c’est la réalité» dit-il. Or, pour maîtriser ce problème, il faudrait avoir un autre type de parti. Celui-ci doit intéresser les gens et ne pas être ressenti comme faisant partie des institutions politiques traditionnelles. Il doit apparaître comme étant lié à l’intérêt commun. Il doit être capable d’expliquer et convaincre la population de la justesse de ses propositions, tout en y intégrant les observations des citoyennes et citoyens.

«Notre financement pourrait ressembler à celui utilisé par les associations et les ONG, qui trouvent l’aide financière nécessaire auprès de la population, dont une partie comprend la justesse de leurs actions», souligne, avec force, German Osorio.

Education populaire

«En ce qui concerne notre parti, malheureusement, les gens ne connaissent pas vraiment nos buts. Pour illustrer cette situation, je peux citer les propos d’un sage chinois qui disait: celui qui n’a pas d’objectifs risque de ne pas les atteindre».

Pour faire évoluer les choses, le secrétaire pense qu’il serait nécessaire de revenir vers l’idée d’éducation populaire. «Je ne crois pas que les difficultés d’atteindre un plus large public proviennent principalement de ce que l’on communique, mais plutôt de notre manière de communiquer. Mon expérience me conduit à penser que la communication et la transmission des idées politiques d’un parti représentant les classes populaires fait partie intégrante du projet politique, ce qui est évident, mais aussi d’un projet culturel et pédagogique. L’éducation populaire est un moyen favorisant la transformation sociale. Elle doit permettre le développement des capacités de la population à mieux comprendre la réalité, à partir d’une action culturelle permanente. Son objectif principal peut se résumer par l’acquisition d’attitudes citoyennes, qui assurent la réflexion et la participation de l’ensemble de la population».

Pour le secrétaire cantonal, ce projet de pédagogie populaire devrait également viser à établir une grande horizontalité entre les «élèves» (la population) et les «éducateurs» (les militants), chacun pouvant être à la fois élève et éducateur. «Je suis convaincu que toute la hiérarchie du système doit être supprimée, afin de s’orienter vers une pratique de partage avec la population. Le militant-éducateur ne doit pas d’abord passer par l’exercice du pouvoir. Des relations plus horizontales me paraissent être l’unique manière d’avancer».

Il conclut sa réflexion en disant que l’utopie doit être construite maintenant, sur le terrain. Il estime que trop peu de nos membres et sympathisants connaissent ce que devrait être la pratique militante, sauf quelques honorables exceptions. «Je suis convaincu que dans leurs projections, l’idée de travailler sans relâche autour d’un objectif à long terme durant des années et des années n’existe pas vraiment. Heureusement que la patience existe, car selon un autre proverbe chinois, parler ne fait pas cuire le riz ».