Sot-sot-sot-solidarité…

La chronique Renart • Invité à trinquer en prévision des fêtes, votre goupil s’est vu proposer par des animaux voisins de coder son immeuble.

Invité à trinquer en prévision des fêtes, votre goupil s’est vu proposer par des animaux voisins de coder son immeuble. Les arguments fleuraient le bon sens urbain: ces saligauds d’ailleurs qui viennent attendre leur bus assis sur nos escaliers, tandis que leurs potes junkies se piquent dans nos caves… Sans parler du petit Alexandre qui s’est fait braquer sa trottinette trois fois cette année. Dans quel terrier vit-on ? Sur la table, les canards du jour hurlent à pleines pages leur haine des bêtes tropicales. Résultat: L’Aquarius est à quai et les Briançonnais en prison. L’Europe a la mitraillette cohérente. Elle rappelle qu’elle s’est faite à Schengen, pas à Porto Alegre. Chacun chez soi et la misère sera bien gardée. Non?

Mais si. Regardez chez les gilets poussins d’à côté. On voit bien qu’en dix-huit mois à peine, l’esprit patriote du grand Maquereau y a fait des prodiges. Quand on reste entre Français, on peut au moins décider de qui sera pauvre ou pas. Après, si on s’étripe, c’est comme qui dirait en famille… Et dans une Europe verrouillée, il n’y a plus qu’à coder les riches contre les faucheurs de trottinettes et tout ira bien.

Hélas, comme toujours, restent ces empêcheurs de fliquer en rond. Généralement le genre de bêtes à qui on dresse des biopics, cent cinquante ans après leur mort atroce dans un commissariat de banlieue. Ou qu’on élit aussi parfois président, s’ils survivent à vingt-sept ans de prison. Bref ces résistants rarement aimés de leur vivant, car ils ont l’injurieux toupet de rappeler l’évidence: l’égalité des chances n’arrivera pas tant que le pactole mondial tombera dans si peu de poches. Du coup votre goupil a fait graver à la droite de sa porte, juste au-dessus du code saccagé par les junkies (oh les affreux!), l’indéboulonnable maxime du bon Orquewell: «Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres».

Catalognesquement vôtre,

Renart