Safetiti et Grosbidet

La chronique Renart • Ça, même les Ricains ne le font plus. Depuis un certain 11 septembre, ils ont au moins compris une chose: la sécurité, ça ne se privatise pas. Surtout dans un aéroport.

Ça, même les Ricains ne le font plus. Depuis un certain 11 septembre, ils ont au moins compris une chose: la sécurité, ça ne se privatise pas. Surtout dans un aéroport. Du coup ce sont des perdreaux (des vrais!) qui officient aux portes d’embarquements, vous contrôlant armes et bagages. Avec tout ce que leur intrusion peut avoir de gênant, entre les pattes ou ailleurs. Seulement voilà : quand le moindre couac peut faire péter ses 3000 morts, on cesse de ricaner sur les économies. Alors qu’à Genève…

Eh bien à Genève, on se dit encore qu’il faut gratter des sous sur la sécurité. Et du coup, jugeant que la boîte déjà complètement privée et pourrie qui avait jusqu’ici le mandat restait encore trop chère, André Chiender, le jovial directeur de DjiViHA-Êrpôrt, vient de décider de passer le marché à une autre boîte toute aussi privée et pourrie que la précédente, mais encore un petit peu moins chère. Quand on sait que l’aéroport ne se fait plus que 79.8 millions de bénéfices chaque année (chiffres de mars 2018), on comprend qu’il faille de toute urgence redresser le manche à balai. Non?

Hélas pour notre canidé (Chiender, pas votre goupil), la procédure d’attribution de DjiViHA-Êrpôrt a été invalidée via le tribunal. Mais surtout: les employés, qui arrivaient déjà tout juste à prendre leur pause, ne peuvent même plus se rendre aux toilettes. Poulets aux rabais, toujours moins payés, toujours moins nombreux et toujours plus bossant, ils en viennent à désespérer de leur condition et on le serait à moins. Avec le cynisme qui le caractérise peut-être, Chiender doit être maintenant en train de calculer combien lui coûteront des toilettes mobiles. Car s’il est vrai que la volaille peut vivre même en batterie, c’est surtout parce qu’on y prévoit des tapis qui transportent autre chose que des valises…

Poulaillèrement vôtre,

Renart

 

* Chronique tenue tous les 15 jours par Yves Mugny, auteur de La Faute au loup (éd. Cousu Mouche), www.yvesmugny.ch
www.facebook.com/Yves.Mugny
Illustration : maou.ch