Venezuela: soutien malgré tout

Il faut le dire • Il y a quelques jours, dans une réunion avec des amis proches, on en est arrivé à commenter la tragédie dont souffre le peuple vénézuélien, marquée par une inflation qui ne veut plus rien dire et un manque de l’essentiel: aliments de base et médicaments...

Il y a quelques jours, dans une réunion avec des amis proches, on en est arrivé à commenter la tragédie dont souffre le peuple vénézuélien, marquée par une inflation qui ne veut plus rien dire et un manque de l’essentiel: aliments de base et médicaments… Très vite sont arrivés les termes «dictature, manque de liberté de presse, corruption» et la conviction affirmée autour de la table que Maduro avait échoué et «qu’il fallait passer à autre chose».

J’ai senti que je n’avais aucune chance de convaincre quelqu’un, malgré mon «expertise» latino-américaine reconnue dans ce cercle d’amis, tant l’image du gouvernement est mauvaise, encore plus à la suite de l’émigration massive de Vénézuéliens en 2018, dans un instinct de survie.

Il ne s’agit pas d’être manichéen et on peut imputer des erreurs et des manquements au gouvernement légalement élu du Venezuela, mais il faut aussi voir le rôle géostratégique que joue ce pays, soumis à toutes les pressions depuis 20 ans, après l’arrivée de Chavez au pouvoir.

Ces derniers jours encore, je lisais une critique acerbe de la révolution bolivarienne. Celle-ci n’aurait pas su profiter des années où le pétrole se vendait à 140 dollars le baril pour réduire sa dépendance à l’égard de l’étranger. Elle n’aurait pas mieux contrôlé l’économie restée à plus des 2/3 en mains privées, en particulier l’importation de biens essentiels. C’est vrai, mais il y avait peut-être d’autres urgences pour soulager les injustices sociales criantes héritées des gouvernements antérieurs, permettant à ce pays de réduire l’écart entre pauvres et riches. Les Etats-Unis, de Clinton, Bush, Obama ou Trump auraient-ils laissé nationaliser les entreprises?

La pression s’est accentuée avec la perte de la majorité du parlement vénézuélien en 2015: l’opposition a tout essayé pour renverser Maduro.

Avec l’arrivée de Trump au pouvoir, l’ingérence étrangère est devenue scandaleuse et l’auto-proclamation de Guaido comme nouveau président ne repose sur aucune légalité. Il s’agit d’une déclaration de guerre, dans une situation de chaos économique, et sûrement pas d’une solution pour le peuple vénézuélien. La prétendue aide humanitaire qu’il va apporter n’est qu’une goutte d’eau, par rapport aux milliards de dollars que les Etats-Unis retiennent sur les livraisons de brut et d’essence raffinée, livrées à ce pays par l’entreprise vénézuélienne du pétrole (PDSVA).

Le peuple vénézuélien souffre, mais ce n’est pas de Guaido qu’il doit attendre la sortie de crise. Et nous , nous devons rester attentifs à ne pas nous laisser berner par la «pensée dominante».