En plus, elles sont licenciées au retour du congé maternité!

La chronique féministe • Même si les rassemblements de la Journée des femmes sont festives, les discriminations n’en sont pas moins persistantes et souvent dramatiques

Même si les rassemblements de la Journée des femmes sont festives, les discriminations n’en sont pas moins persistantes et souvent dramatiques.

Malgré les beaux discours sur l’égalité, déclarés la bouche en cœur, les politicien-ne-s de droite ne passent pas aux actes, vident les propositions de leur substance ou pire, ne votent pas les budgets. Comme si le problème ne les concernait pas ou s’il y avait plus urgent.

Faisons un bilan de la situation:
•Les femmes sont en moyenne moins bien formées que les hommes.
•Elles sont payées environ 20% de moins que les hommes.
•Elles se heurtent au plafond de verre.
• 80% du travail éducatif et ménager reposent sur les femmes.
• 80% du travail à temps partiel sont assumés par les femmes.
•Au bout du compte, leur retraite est de 37% moins élevée que celles des hommes.
• 80% des familles monoparentales ou des personnes seules sous le seuil de pauvreté concernent des femmes.
• Ajoutons que le pays manque de crèches.
• Et que la Suisse, le pays le plus riche du monde, n’a toujours pas de congé paternité, alors que tous les pays européens en connaissent un.
•Certaines sont harcelées au travail.
•Et en plus, une femme sur 10 en Suisse est licenciée après son congé maternité!

Cette succession de discriminations donne le vertige! On en est encore là, en 2019! Les inégalités, les violences faites aux femmes sont des thèmes récurrents de la Journée des femmes, depuis des décennies. Ils sont au centre des revendications de la grève féministe du 14 juin 2019.

Voici les mesures que demandent les femmes pour mettre fin au scandale des discriminations:

• Veiller que les filles et les garçons aient droit à une éducation égalitaire, notamment en pourchassant le sexisme qui règne encore dans les manuels scolaires et dans l’enseignement.
• Exiger la transparence salariale dans toutes les entreprises, afin de réaliser l’égalité. Il faudrait mettre sur pied une instance qui prenne contact avec les entreprises, afin que les femmes ne se retrouvent pas seules en face du patron. Pour une femme, exiger un salaire égal signifie souvent un licenciement.
• Favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilité, nommer une femme à compétences égales, lorsqu’un poste se libère, afin que le fossé se comble peu à peu.
• Introduire un congé paternité, afin que les tâches éducatives et ménagères ne reposent plus majoritairement sur les femmes, mais soient mieux réparties entre la mère et le père.
•Partager entre les hommes et les femmes le travail à temps partiel, pour les mêmes raisons.
• Ce faisant, les retraites seront plus égales. En attendant, il faudrait prévoir un système de compensation pour l’AVS et le deuxième pilier, afin que les femmes ne tombent plus dans la pauvreté.
• Prévoir des mesures de soutien aux familles monoparentales dirigées par des femmes, afin qu’elles ne sombrent pas dans la pauvreté.
• Construire davantage de crèches abordables pour les revenus modestes et soutenir un parascolaire de qualité pour tous et toutes.
• Introduire un congé paternité.
• Informer et former les cadres sur le harcèlement sexuel et le mobbing, exercer des contrôles, punir et licencier les harceleurs.
• Interdire le licenciement après un congé maternité et poursuivre les patrons scélérats.

Ces revendications font partie des mesures demandées par la Grève féministe du 14 juin 2019, qui a été lancée officiellement à la Maison du Peuple de Bienne, dimanche 10 mars, par 500 femmes en violet, venues de toute la Suisse. Pour les mettre en place, il faut une volonté politique et des politicien-ne-s courageux.

La votation du 19 mai 2019 portera sur la RFFA (Réforme fiscale et financement de l’AVS). Ce projet prévoit une baisse massive de l’imposition des grandes entreprises. Donc, mathématiquement, comme les rentrées fiscales diminueront, les prestations à la population baisseront dans la même proportion. Or ces baisses touchent en premier lieu les femmes, surreprésentées parmi les personnes précaires. Pour faire passer la pilule, le projet RFFA veut augmenter les recettes de l’AVS (cela ne concernerait que quelques années) et le Parlement parle de «compromis équilibré». Quel affront pour les plus démuni-e-s!

On nous sert toujours la même soupe: des déductions qui bénéficient majoritairement aux plus riches, et pénalisent encore plus durement les gens modestes. Comme pour la TVA, les taxes sur le carburant et autres joyeusetés, l’essentiel pèse sur le bas de la pyramide, alors que les plus riches sont bénéficiaires.

Malheureusement, quand le peuple doit se prononcer, il vote généralement contre ses propres intérêts, parce que ceux qui détiennent le pouvoir de l’argent en mettent suffisamment dans des campagnes mensongères pour les influencer. Si les personnes les plus touchées par les restrictions votaient et se prononçaient contre, la situation des précaires s’améliorerait. Parmi celles-ci figurent des étrangers, des étrangères, voire des sans-papiers. Si les gens modestes défendaient mieux leurs intérêts, ils seraient largement majoritaires, et toutes les revendications de la gauche seraient appliquées… Mais comme me disait Micheline Calmy-Rey quand je m’en étonnais: «Les gens ne se voient pas tels qu’ils sont, dans la classe moyenne inférieure ou parmi les démuni-e-s, ils se rêvent riches et votent comme eux.»

Pendant ce temps, les inégalités se creusent et les femmes continuent de ramer pour survivre. De surcroît, en ne prenant pas les mesures indispensables contre les changements climatiques, notamment l’interdiction des pesticides et la diminution des émanations de CO2, on est en train de bousiller l’avenir de nos enfants.

C’est pour que les choses changent que les femmes feront grève le 14 juin. Descendons toutes dans la rue!