Il y a urgence climatique

Il faut le dire • J’étais accompagné de mes enfants et petits-enfants à la manifestation «pour le climat» du 2 février à Lausanne.

J’étais accompagné de mes enfants et petits-enfants à la manifestation «pour le climat» du 2 février à Lausanne. Que d’énergie pour dire: on ne peut plus attendre, il faut prendre des décisions maintenant. Cela montre que cette génération du début du 21e siècle comprend que c’est son combat. Pour moi, qui ai lu et relu le livre «Halte à la croissance», publié en 1972 par le Club de Rome, je vois combien ce rapport était juste et combien nous n’avons pas été écoutés par une majorité de politiciens, qui nous ont toujours traités de doux rêveurs et d’idéalistes.

Parce qu’il est difficile de changer de mode de vie, on a voulu croire que le développement durable était possible. Mais il faut bien comprendre que la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) et celle des pesticides sont impossibles à mettre en œuvre dans un monde globalisé avec le capitalisme déréglementé, qui a prévalu ces 30 dernières années et a amené à la création de l’OMC et des traités de libre-échange.

L’enjeu de ces accords internationaux est de poser un cadre politique mondial, qui garantisse un maximum de liberté aux multinationales, leur permettant de produire leurs biens au moindre coût possible. Et de les vendre en répondant aux exigences réglementaires les plus flexibles possibles – et sans aucune préoccupation environnementale – et de payer le moins d’impôts possible. Les accords sur le climat ont eu de la peine à s’imposer tant la logique marchande a relégué les mesures climatiques les plus immédiates et les plus évidentes au domaine de l’hérésie politique.

C’est vrai de manière générale, mais aussi dans nos microcosmes. J’en veux pour preuve la difficulté de mon combat communal pour que la rénovation d’une école devisée à quelque 20 millions de francs comporte non seulement une amélioration de l’enveloppe du bâtiment, mais aussi un chauffage alimenté par une énergie non fossile: «C’est trop cher, il n’y a pas de place pour stocker du bois ou des pellets, la géothermie c’est trop compliqué… et c’est déjà défini et adjugé et finalement tu m’énerves».

Pourtant si l’on s’inscrit dans le plan énergétique 2050 de la Confédération et que l’on se prétend être Cité de l’énergie, cette question ne devrait même pas se poser. Soutenons massivement la grève du climat encore ce 15 mars, mais rappelons-nous que ce combat va de pair avec une lutte contre la mondialisation marchande. On ne peut pas exploiter la terre indéfiniment comme le système capitaliste veut nous le faire croire depuis si longtemps: elle commence à se rebeller, sérieusement!