Quand Sanseverino rencontre Béranger

Musique • «The BeBer project vol.1» ou quand Sanseverino revisite avec talent le répertoire de François Béranger.

Sanseverino est un grand admirateur de François Béranger dont il connaît toutes les chansons. (Jazz en Touraine)

François Béranger, avec ses chansons, a porté la révolte et donné une voix aux laissés-pour-compte de notre merveilleuse société libérale. Ce fils de couturière et d’ouvrier militant syndicaliste, né en 1937, entre chez Renault à l’âge de 16 ans pour ensuite quitter l’usine et s’engager dans une troupe de théâtre itinérante. De ce parcours de vie, qui le fera passer aussi par l’Algérie en guerre et Mai 68, il tirera sa chanson Tranche de vie qui marquera le début de sa carrière. Cette chanson, qui occupait les deux faces d’un disque 45t, éveillera la curiosité des programmateurs radio. Elle sera diffusée à l’antenne et rencontrera un certain succès. Il enregistra ses deux premiers albums chez CBS, puis quittera cette maison de disque pour le label L’Escargot, qui correspondait mieux à son univers poétique et musical. Suivra le label Futur Acoustic, qui rééditera en CD l’ensemble de ses albums. François Béranger enregistrera seize albums au fil de son parcours artistique entre 1970 pour Tranche de vie et 2003 pour son dernier album 19 chansons de Félix chantés par Béranger, composé uniquement de chansons de Felix Leclerc. François Béranger meurt le 14 octobre 2003, vaincu par le cancer.

Sanseverino est un grand admirateur de François Béranger dont il connaît toutes les chansons. Il avait même invité Béranger pour interpréter en duo Le tango de l’ennui, sur la scène de La Cigale à Paris le 30 octobre 2002. Sanseverino nous emmène dans un voyage aux travers des treize chansons, choisie dans le répertoire de François Béranger, pour son The BeBer project vol.1, hommage à François Béranger.

Pour cet album il prend le parti pris d’enregistrer en prise directe en studio, en s’accompagnant uniquement à la guitare ou à la guitare dobro. Avec tout de même une exception pour Le tango de l’ennui pour lequel il a fait appel à Marion Chiron au bandonéon. L’album s’ouvre sur La fille que j’aime, une ballade tendre et ironique sur la thématique des chansons d’amour. Au fil des titres on retrouve naturellement Tranche de vie, Le vieux, Magouille blues, Le blues parlé du syndicat (qui est une adaptation française d’une chanson de Woodie Guthrie). La sobriété de l’accompagnement musical restitue toute la force des chansons de celui qui a porté la voix des exclus.

Pour conclure son volume 1, Sanseverino offre une superbe réinterprétation acoustique de Paris lumière. Ce morceau, dont la musique a été composée par Jean-Pierre Alarcen, avait une couleur très rock dans l’arrangement, avec guitare électrique. Dans l’interprétation acoustique que nous offre Sanseverino il prend des couleurs de blues, couleurs de blues qui traversent l’album. Au final un superbe album de chansons politiques et poétiques qui distillent leur dose de poésie et de tendresse – un album de Sanseverino qui donne l’envie d’un second volume, et naturellement, de réécouter François Béranger.

 

Sanseverino, The BeBer project vol.1, hommage à François Béranger, Les éditions du narvalo, février 2019