Les lobbyistes ont bien fait leur travail

Suisse • Le lobby des caisses maladie a obtenu du parlement l’augmentation des franchises à la charge du patient. Un comité est prêt à lancer le référendum.

Le 14 mars dernier, les Chambres ont réglé leur dernière divergence concernant l’adaptation des franchises d’assurance maladie à l’évolution des coûts de la santé. Selon ce projet, les franchises de base devraient être adaptées régulièrement vers le haut à l’avenir. La première augmentation de 300 à 350 francs aurait lieu prochainement. Au moment où nous écrivons ces lignes, le vote final n’a pas encore eu lieu, mais il n’y aura probablement pas de grande surprise. Pour le Conseiller national PST-POP Denis de la Reussille, l’influence des lobbyistes a été déterminante dans l’adoption de cette modification de la LAMal: «Les lobbys des caisses maladie sont omniprésents au Parlement, et en particulier dans la Commission de sécurité sociale et de la santé publique dont une importante partie des membres est directement liée aux caisses».

Une Alliance «Non à l’explosion des franchises» a déjà vu le jour et annoncé le lancement d’un référendum. Composée notamment des fédérations de consommateurs, d’organisations de défense des patients, de l’Avivo et des partis de gauche, l’alliance considère que «cette mesure touchera toute personne – âgée, malades chroniques – qui a besoin de traitements médicaux réguliers». Denis de la Reussille partage cet avis. «La droite prétend que cette mesure améliorerait la responsabilisation individuelle.
On entend le même argument quand il s’agit des frais de soins dentaires. Pour ma part, je ne trouve pas que c’est une solution. Le passé et le présent nous montrent que l’augmentation des coûts de la santé, que ce soit via la franchise ou la hauteur des primes, est le facteur principal de paupérisation d’une partie de la population.» Le PST-POP a déjà annoncé qu’il soutiendrait le référendum en récoltant des signatures dans tous les cantons où il est présent.

Franchise à 500 francs

Le même jour, une motion déposée par la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique, qui demandait de fixer la franchise de base à 500 francs a quant à elle été rejetée par 88% des voix au Conseil national. Seuls les Verts libéraux l’ont soutenue en bloc, appuyés par quelques élus des autres partis bourgeois.

Petite anecdote qui témoigne des conflits d’intérêts malsains des parlementaires liés aux caisses privées, le Conseiller national Raymond Clottu a essayé de faire modifier l’ordre du jour et de faire reporter ce débat. Membre du Groupe de réflexion de l’assurance Groupe Mutuel, l’UDC neuchâtelois était probablement un peu embarrassé de montrer sa soumission aux intérêts des caisses privées à quelques mois seulement des élections fédérales…