Pour l’Europe, mais une autre Europe!

Il faut le dire • Même dans nos milieux la question de l’Europe fait débat.

Même dans nos milieux la question de l’Europe fait débat. Et c’est vrai que pour ma génération née dans les années 50 et qui a connu la partition de l’Europe et le «Rideau de fer», la construction européenne et la chute du mur ont été porteuses d’une espérance de la consolidation d’une «maison commune», et l’éloignement à tout jamais des guerres, dont nos parents nous parlaient avec une émotion palpable, même pour nous qui étions enfants. Nous avons rêver d’une Europe des peuples, et c’est vrai que pour moi de pouvoir voyager en Pologne, en Hongrie où en Slovaquie avec ma seule carte d’identité et sans passer de vraies frontières, reste encore aujourd’hui une sensation merveilleuse.

Il n’en reste pas moins que l’Europe de 2019 ne fait plus rêver, elle a été confisquée par les milieux de la finance, qui dictent leur loi aux gouvernements qui ont fait des traités à leur goût: ils imposent des politiques d’austérité qui détruisent les services publics, préfèrent sauver les banques allemandes et françaises qui ont massivement investi en Grèce, plutôt que le peuple de ce pays, menacent de délocaliser la production et même les services, si on n’adapte pas la fiscalité à leurs exigences.

Cette Europe qui questionne le fait que l’on ne veut pas de dumping salarial, qui s’enferme et perd toute humanité dans l’accueil des réfugiés, laisse les migrants mourir en Méditerranée plutôt que de les secourir, cherche à nous imposer de manger plutôt des aliments provenant d’Espagne ou d’Italie, plutôt que ceux qui viennent des paysans qui sont nos voisins.

Mais au fond, est-ce que la Suisse d’aujourd’hui nous fait rêver? Elle qui veut nous faire croire que la RFFA, qui fait des cadeaux fiscaux aux entreprises, est nécessaire. Elle qui tolère – et se réjouit – de la présence des sièges sociaux des Vale, Glencore, qui créent des dégâts environnementaux en toute impunité ou Nestlé qui, par sa volonté de commercialiser l’eau de Vittel, assoiffe cette région de France. Elle, qui continue à avoir une assurance maladie dont les cotisations sont les mêmes pour tous – sauf si l’on a droit à des subventions, variant beaucoup d’un canton à l’autre- et pas liées au revenu.

Notre combat est de remettre en question l’organisation sociale capitaliste dans sa forme néolibérale qui prévaut depuis plus de 30 ans: celle qui creuse les écarts entre les plus riches et les plus pauvres, qui produit des biens dont l’obsolescence est programmée, celle qui détruit la biodiversité et exploite sans limite la terre, celle qui crée l’urgence climatique à laquelle nous faisons face. Nous défendons une Suisse, une Europe des peuples, des régions, inclusive et solidaire.