Monnaie locale à La Chaux-de-Fonds

Neuchâtel • La Ville du Haut du Canton pourrait se doter d’une monnaie alternative d’ici la fin de l’année.

Tout comme en Valais, oû circule déjà le farinet, La Chaux-de-Fonds pourrait avoir sa monnaie locale. (David Dräyer)

Dans son programme électoral des élections communales de 2016, la section du POP de la Chaux-de-Fonds écrivait: «Nous refusons que la compétition économique impose ses valeurs au monde. La politique salariale du personnel doit respecter le principe de non-discrimination pour tous les travailleurs d’où qu’ils viennent. Nous soutenons le commerce local et régional et sommes favorables à l’instauration d’une monnaie locale qui peut pallier, en partie, les déficiences du système monétaire actuel devenu incontrôlable». Les élus ont proposé qu’une étude sur la création d’une monnaie locale soit entreprise. La motion a été acceptée et le rapport pour la création d’une monnaie locale sera présenté au Conseil général (législatif) dans ces prochains mois. Si tout va bien, l’introduction pratique pourrait s’envisager d’ici à la fin de cette année.

Les monnaies locales se développent dans diverses localités de la planète. Avec lucidité, les popistes savent que si elles ne modifient pas les règles du capitalisme, elles constituent une réponse à ses excès. A l’heure du commerce globalisé voulu par le néolibéralisme, les petits commerces, les délocalisations et le chômage sont de plus en plus fréquents et créent un malaise profond au sein d’une partie de la population.

Le rapport du Conseil communal (exécutif), qui a été dévoilé par certains médias, nous fait découvrir un projet intéressant. La Ville voudrait ainsi injecter par ce biais près de 100’000 francs dans le cadre d’un projet. Rappelons qu’une monnaie locale est une monnaie non soutenue par un gouvernement national. Elle est destinée à être opérationnelle dans une zone restreinte. Sa pratique permet de construire et de préserver l’intégrité d’un territoire. Elle favorise le contact entre les habitants d‘une région, qui peuvent réaliser des achats sans se mettre en danger. Le but n’est donc pas de concurrencer la monnaie nationale, mais de créer une monnaie complémentaire.

A La Chaux-de-Fonds, ville frontalière, le commerce local est en concurrence avec celui de la France voisine. Il en est de même pour l’attrait des grands centres du Littoral, voir plus loin encore. Pendant ce temps, les petits commerces locaux ferment les uns après les autres entraînant l’incompréhension d’une partie des habitants. Une telle monnaie pourrait donner un peu de souffle à ces petits commerces, ce qui favoriserait un regain de solidarité au sein de la communauté.

Une monnaie écologique

Le projet prévoit une monnaie chaux-de-fonnière portée par une sorte de carte de crédit rechargeable. Elle serait utilisable auprès de tous les commerçants et sociétés qui accepteront d’y adhérer. En encourageant les liens commerciaux de proximité, la monnaie locale favorise une pratique plus écologique, car elle réduit les déplacements.

Un rapide sondage du journal régional ArcInfo nous fait découvrir que cette monnaie serait refusée par plus de 85% des personnes qui ont répondu. Cette première réaction se base en partie sur la crainte d’une complication individuelle. Chacun pensant d’abord à lui-même, ces premières réactions, auxquelles nous n’accordons pas plus d’importance qu’il n’en faut, démontrent la nécessité de bien présenter le projet, si possible dans des réunions publiques. Pour les auteurs du rapport, les contacts établis semblent favorables et la monnaie locale pourrait apporter un peu d’air frais dans les Montagnes. Affaire à suivre!