La difficile lutte des indigènes au Chiapas

Il faut le dire • Pour les plus anciens d’entre nous, le Chiapas évoque le soulèvement des Zapatistes en 1994 avec à leur tête le Sous-commandant Marcos.

Pour les plus anciens d’entre nous, le Chiapas évoque le soulèvement des Zapatistes en 1994 avec à leur tête le Sous-commandant Marcos. Cette insurrection avait permis la redistribution de milliers d’hectares de terres. En effet, les Zapatistes sont avant tout des paysans en lutte pour faire valoir leur droit à disposer de leurs terres tout en rétablissant leur manière de se penser et de vivre en relation avec la Nature: l’agriculture y est strictement organique et basée sur les connaissances ancestrales de centaines de générations et a permis l’autosuffisance alimentaire.

Ils ont su maintenir des réseaux de solidarités internationaux. En 2019 encore, de nombreux volontaires visitent les zones contrôlées par les Zapatistes et font office de défenseurs des droits humains contre les attaques toujours possibles des autorités de l’Etat du Chiapas.

De passage pour un mois dans ce coin de pays, j’ai malheureusement aussi vu la face moins glorieuse de cette lutte, car les Zapatistes se sont divisés et sont donc moins forts. Il existe de nombreuses organisations qui toutes contrôlent quelques communautés indigènes et font un travail très similaire. Mais, pour des spécificités historiques ou des ego mal placés de leurs dirigeants, elles peinent à collaborer, voire se tirent dans les pattes. L’une de ces organisations – peut-être la plus active actuellement dans l’occupation de terres – est criminalisée par le nouveau gouverneur du Chiapas, pourtant allié du président Lopez-Obrador, considéré internationalement comme plutôt progressiste. Depuis 2 mois, au moins 2000 familles ont été expulsées de leur terrain et 11 écoles détruites, sans solution de relogement proposée. J’ai visité une des communautés menacée d’expulsion, survolée journellement par un hélicoptère de la police, dans un village où 70 familles logent et travaillent la terre depuis 6 ans. La situation est dramatique pour ces gens qui ont juste de quoi survivre, mais ne connaissent pas les services médicaux: aucun enfant n’est vacciné.

Pourtant, les autres organisations peinent à se mobilier et les Zapatistes refusent que les observateurs internationaux au Chia#pas se mobilisent pour eux.

La droite, les grands propriétaires, tout comme le gouvernement du Chiapas, qui ne fait rien pour ces indigènes pourtant majoritaires, mais toujours marginalisés, se frottent les mains.

Cela doit nous faire réfléchir aussi chez nous. Faire de nos différences, une force plutôt qu’une faiblesse.