Scrutin difficile sur la fiscalité au Locle

Neuchâtel • Dimanche, les Loclois devront décider s’ils acceptent ou refusent une augmentation de leur fiscalité de 2 points d’impôts.

Soutien du POP à l’augmentation des impôts pour assurer la cohésion sociale et contre la réduction des prestations. (Paebi)

Les difficultés financières de la ville ne résultent pas d’erreurs de gestion des autorités, mais elles sont la conséquence de l’application rigoureuse des règles néolibérales. Dans les parlements, les majorités de droite, parfois accompagnées par les socialistes, imposent aux pouvoirs publics les mêmes règles que celles suivies par les entreprises privées. Toute la gestion est conçue pour atteindre l’objectif supérieur, à savoir, réaliser des profits. Désormais, les collectivités publiques doivent couvrir leurs frais. Leurs dépenses ne sont plus présentées comme étant les coûts nécessaires pour assurer l’équilibre social, dont la collectivité à besoin, mais comme des critères chiffrés exprimés par la notion de bénéfice ou de déficit.

Le Locle subit les effets de cette conception appliquée notamment par le Conseil d’Etat qui favorise les riches (entreprises, personnes privées et communes) au détriment des pauvres. Les tâches publiques ne sont plus couvertes par la fiscalité, qui est le moyen le plus démocratique de répartir l’argent des contribuables en fonction de leurs revenus et fortunes respectives. Maintenant, il s’agit d’une charge individuelle, à laquelle il faut impérativement échapper.

Réductions d’impôts irresponsables

Dans la ville du Haut, les revenus de l’impôt sur les personnes morales (entreprises) ont fondu en passant de 29,5 millions en 2013 à 8,5 millions en 2017! Cette situation n’est pas due seulement à la réalité économique des entreprises, mais aux réductions d’impôts que l’Etat leur accorde mettant à mal la gestion de la commune. Celle-ci n’a pas d’autres choix que de répercuter ce manque de moyen sur les habitants par des réductions de prestations. C’est souvent les habitants les plus faibles économiquement qui en subissent les conséquences les plus douloureuses. Malgré tout, le paiement des charges publiques reste obligatoires pour assurer la couverture des frais des écoles, des infrastructures sportives, des transports publics, de l’entretien des routes, des canalisations, des diverses aides sociales et des institutions culturelles. Mais ces exigences ne pèsent pas auprès des irresponsables libéraux qui ont lancé le référendum contre cette hausse des impôts. Une opposition simpliste qui leur permettra, le temps d’une votation, de marquer le paysage politique de la commune. L’idéologie néolibérale est tellement simple à comprendre: à chaque occasion choisir individuellement entre «j’y gagne ou j’y perds».

Cohésion sociale menacée

Le POP a soutenu cette augmentation des impôts afin de garantir un minimum de cohérence sociale au sein de la commune. Il a conduit une campagne pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette proposition. Lobsang Blanchard, jeune popiste membre du Conseil général (législatif) constate, comme la presse régionale, que dans les débats, «les libéraux ne se sont pas montrés brillants». Même leurs attaques contre l’aide sociale jugée excessive ou les coûts des musées ne parviennent pas à rallier une majorité du public dans les débats, car leurs propositions se trouvent réfutées par la réalité expliquée et démontrée. Denis de la Reussille est pourtant plutôt pessimiste quand aux résultats de cette votation. «Les hausses fiscales, même de 2 points, sont difficiles à expliquer». Lors de la séance publique organisée par les autorités, le Conseiller communal constatait que «la population locloise était totalement absente et seul un seul employé de la ville y figurait» Avec son regard malicieux, il souligne cependant que «la population du village des Brenets avaient accepté une hausse de 10 points, sauf erreur en 2017!».