Une solidarité nécessaire!

Il faut le dire • La douche froide est venue de Ignazio Cassis, chef du département des affaires extérieures, le mois passé: l’aide sera, dès 2021, principalement destinée à promouvoir la croissance économique, à lutter contre le changement climatique et à réduire la migration irrégulière.

La douche froide est venue de Ignazio Cassis, chef du département des affaires extérieures, le mois passé: l’aide sera, dès 2021, principalement destinée à promouvoir la croissance économique, à lutter contre le changement climatique et à réduire la migration irrégulière. La démocratie et la consolidation de la paix ne sont mentionnées qu’en quatrième position. Et la réduction de la pauvreté n’est plus inscrite comme un objectif explicite (alors qu’elle est le premier des 17 objectifs de développement durable de l’ONU).

De plus, la Suisse consacrera à l’avenir environ 0,45% de sa production économique à l’aide au développement, soit moins que l’objectif déclaré de 0,5%, et loin de 0,7% prôné par l’OCDE. C’est une honte pour notre pays.

Doit-on rappeler que la Confédération a encore fait en 2018 un bénéfice de 5.7 milliards et que son taux d’endettement est un des plus bas au monde et se situe aux environs de 12,5% du PIB? On sait pourtant qu’une personne sur 10 vit dans l’extrême pauvreté, dont la moitié a moins de 18 ans. Comme le rappelait encore en 2018 le secrétaire général de l’ONU (qui n’est pourtant pas popiste!), y mettre fin n’est pas une question de charité mais de justice. Comment peut-on défendre des intérêts à court terme de la Suisse, sous prétexte de coopération au développement? Celle-ci ne peut prétendre à se résumer à la gestion des migrations, d’autant qu’elle ne les réduit pas forcément – et pas à court terme, en tous les cas.

D’autre part, faire croire que la croissance économique va améliorer le développement est un credo libéral, battu en brèche par l’histoire récente, qui n’a vu que s’accroître l’écart entre les riches et les pauvres . Le développement a plus à voir avec l’éducation, l’accès à l’eau, l’équilibre alimentaire et la santé que le PIB national!

Limiter l’aide à des zones géographiques définie ne tient pas compte d’un changement géographique de la pauvreté: il y a globalement moins de pays pauvres que de régions où sévit l’extrême pauvreté. C’est par exemple le cas de la zone rurale du Chiapas au Mexique, où les gens vivent avec moins de 2 dollars par jour, n’ont pas accès à l’eau potable et souvent pas de latrines ainsi qu’aux soins primaires (vaccination et contrôle de grossesse, par exemple). Et pourtant, la coopération au développement de M. Cassis veut délaisser le continent latino-américain.

Il faut montrer notre opposition à ce changement politique intéressé et défendre une vraie solidarité.