La betterave sucrière suisse menacée!

Il fautle dire • Dans l’accord-cadre que l’UE et la Suisse devraient signer, on parle beaucoup - à juste titre - des menaces sur les salaires suisses. Mais, l’agriculture est aussi touchée de plein fouet. Le sucre en est un exemple.

Dans l’accord-cadre que l’UE et la Suisse devraient signer, on parle beaucoup – à juste titre – des menaces sur les salaires suisses. Mais, l’agriculture est aussi touchée de plein fouet. Le sucre en est un exemple.

Actuellement, la Suisse est autosuffisante à 72%, le reste étant importé d’Europe, essentiellement d’Allemagne ou de France. Or, à fin 2017, l’Europe a décidé de mettre fin aux quotas de cultures de la betterave et la production a augmenté de 20%, créant un surplus. Ce dernier a permis aux raffineries de baisser les prix payés aux producteurs de 25 à 19 euros la tonne, sans que le prix du sucre aux consommateurs baisse réellement, ce qui fragilise évidemment les paysans.

Or, l’accord sur le commerce agricole qui fait partie des bilatérales définit que le sucre transformé ne peut bénéficier d’aucune aide. Ni, à l’inverse, d’entrave à l’exportation. C’est dire que les distributeurs suisses peuvent acheter tout le sucre qu’ils veulent au prix européen. Or, le prix versé au producteur suisse, même s’il a baissé à 43 frs la tonne (près de 3x moins qu’il y a 20 ans!) reste largement au-dessus du prix européen, mettant aussi nos raffineries nationales en difficulté.

Des mesures «urgentes» ont été prises: la contribution fédérale par hectare de betterave cultivée a passé de 1800 à 2100 frs, pour éviter que les paysans se détournent de cette culture, devenue non rentable. L’Union suisse des paysans nous assure qu’une étude est en cours pour déterminer comment rendre l’industrie du sucre plus rentable. Jusqu’à maintenant, ils ont réussi à maintenir la rentabilité en augmentant la productivité à coup d’intrants agrochimiques, même si on nous assure – et on veut le croire – que les cultures suisses sont 30% plus respectueuses de l’environnement qu’en Europe… mais qu’est-ce cela veut dire, si l’on sait que le sucre bio est encore l’exception, tout comme les Techniques de cultures simplifiées (TCS), peu pratiquées pour la betterave, alors que de nombreuses expériences pilotes montrent leur efficacité.

Dans ce cas, notre refus de signer l’accord-cadre au nom de la souveraineté alimentaire et des circuits courts de distributions doit aller de pair avec l’exigence de méthodes de production respectant l’environnement et la biodiversité: cela devrait être le rôle premier aujourd’hui des centres d’agrologie comme Marcellin, ce qui est loin d’être gagné!