A propos de feux en Amazonie

Il faut le dire • Fin août, les feux en Amazonie ont pris une dimension internationale, et ont rappelé l’impact global pour la planète de la destruction de la forêt amazonienne.

Fin août, les feux en Amazonie ont pris une dimension internationale, et ont rappelé l’impact global pour la planète de la destruction de la forêt amazonienne. On a pointé du doigt le président Bolsonaro pour son climat-scepticisme. Malgré tout, le Conseil fédéral, comme nous l’a annoncé l’ancien paysan UDC et chef du département de l’économie, Guy Parmelin, a signé un traité de libre-échange avec le MERCOSUR, donc avec le Brésil: c’est bon pour l’économie suisse a-t-il ajouté. Et tant pis pour la biodiversité!

C’est grave, parce que ces feux ne sont pas le fait d’un désastre naturel, mais bien le fait des grands producteurs agro-industriels et des entreprises minières: selon l’ONG Amazon Watch, la production de soja et l’élevage de bœufs comptent pour 80% des causes de déforestation. Or, cette année, M. Bolsonaro a célébré «le jour du feu», dans sa volonté affichée d’augmenter les terres dédiées à l’agro-exportation. Il a diminué à sa portion congrue les soutiens à l’écologie, que cela soit dans les institutions de l’Etat ou les fonds alloués à des ONG locales. Il cherche par tous les moyens de remettre en question les droits des peuples indigènes. Même ceux qui ont des territoires reconnus et homologués craignent pour leurs terres ancestrales.

J’ai eu ces jours un contact téléphonique avec une coopér-actrice de E-Changer ONG suisse romande. D’origine suisse, elle vit en Amazonie depuis plus de 8 ans et travaille comme infirmière avec le peuple Yanomami, dans le cadre d’une ONG locale. Elle était justement de passage à Manaus, après 2 mois passés dans les communautés indigènes.

Elle se réjouissait parce qu’enfin, il y avait un système d’eau potable, des locaux qui pouvaient en garantir la pérennité et que la dénutrition infantile commençait à diminuer. Elle me parlait du lien si fort établi entre les gens et l’équipe avec laquelle elle travaille.

Mais elle me confiait aussi que les orpailleurs étaient toujours plus nombreux (quelque 10’000) sur les territoires des Yanomami, en toute illégalité. Le directeur régional de la santé récemment nommé est un major de l’armée. Même dans ces endroits les plus reculés, la main-mise de l’armée sur les institutions publiques est réelle, à tel point, me disait-elle qu’au Brésil, on parle d’une «nouvelle forme» de dictature militaire. Le discours de M. Bolsonaro à propos de peuples indigènes rappelle celui de la dictature (1964-1985): il faut intégrer les indigènes dans la société brésilienne et les sortir de leur forêt, accusant au passage tout autre attitude de communiste! Et pendant ce temps, l’ex-président Lula est toujours en prison! La justice climatique ne va pas sans la justice sociale.