La faute à Volthéron!

La chronique Renart • Indépendance. Le mot qui hérisse les plumes de l’OMC (Officine Mondiale des Charognards). Comme pour les empires coloniaux, les maîtres du monde d’aujourd’hui entendent fouetter faune et flore sans s’encombrer d’identités régionales (oh le vilain mot).

Indépendance. Le mot qui hérisse les plumes de l’OMC (Officine Mondiale des Charognards). Comme pour les empires coloniaux, les maîtres du monde d’aujourd’hui entendent fouetter faune et flore sans s’encombrer d’identités régionales (oh le vilain mot).

Celui qui défend le ficus en Amazonie ou la sardane en Catalogne sera toujours un caillou dans les bottes du progrès. Entendez par là: le moyen d’augmenter le profit de ceux qui en ont les moyens (et si ce n’est pas clair, relisez la phrase à l’envers).

Partant, s’il s’agit de garder des frontières, c’est uniquement pour se préserver des pauvres (et non brider les capitaux, soyons pas fous).

Bon. C’est établi: les indépendantistes sont des fauteurs de troubles. Rappelez-vous nos béliers jurassiens! On ne fait pas de nouveau canton sans casser les pattes des ours ou des autres. Seulement quand les bêtes qui vous tricotent de nouveaux drapeaux se font jeter au trou, ça pose un autre genre de question: finalement c’est quoi, une démocratie?

Parce que le crime pour lequel les perdreaux ont chopés nos Catalans (et voudraient bien encore en choper d’autres qui se sont enfuis ailleurs) c’est d’avoir organisé une votation. Certes, en démocratie, la chose ne va pas de soi. D’ailleurs la Suisse est bien placée pour savoir que les votations ne sont pas toujours suivies d’effets. De là à emprisonner ceux qui font voter des questions dérangeantes, il y a un pas qu’aucun Franco n’avait franchi (d’ailleurs on l’a changé de tombe pour l’occasion).

Mais vous savez le plus poule dans tout ça? Ce n’est pas l’Espagne qui s’empêtre dans sa tyrannie démocratique. C’est le silence qui hurle à travers l’Europe. Pas un pays, un canton, une commune, même la plus reculée qui soit, pour rappeler Volthéron (il a pourtant logé tout près d’ici) et sa pensée selon laquelle aucune idée ne doit mener aux chaînes…

Anticarcéralement vôtre,

Renart *

 

* Chronique tenue tous les 15 jours par Yves Mugny, auteur de La Faute au loup (éd. Cousu Mouche), www.yvesmugny.ch www.facebook.com/Yves.Mugny.

Illustration: maou.ch