André Chenilleder l’a dit: jusqu’ici tout va bien!

La chronique Renart • Franchement: vous n’avez pas sangloté comme des veaux, vous?

Franchement: vous n’avez pas sangloté comme des veaux, vous? En entendant André Chenilleder, les 6 pattes sur le cœur, déclarer solennellement: «Je vous ai compris!» C’était le 1er novembre.

Pris en sandwich entre deux grosporteurs (Swiss et Easyjet), le directeur de Cointrin garantissait restreindre les décollages dès 22h. Avec un chouïa d’imagination, on l’aurait presque surpris à siffloter «Il faut que tu respires, et ça c’est rien de le dire…»

Mais qu’est-ce qui a pu inciter cet ancien manager du World Economic Forum à plaider soudain le moins de kérosène? Un élan de mélancolie juvénile (façon de David Hilièvre au Congrès des Verts: «Quand j’étais jeune, j’étais de gauche»)? Une prise de conscience politique opportune au lendemain des élections fédérales («Et si je plaçais des billes dans le bon camp»)?

En tout cas, une chose est sûre: cette déclaration n’a rien (mais alors strictement rien) à voir avec l’initiative cantonale 163 qui allait se voter trois semaines plus tard, soit le dimanche 24 novembre! Le calendrier est un vilain farceur, et jamais Monsieur Chenilleder n’aurait seulement imaginé faire le lien entre ces deux objets.

D’ailleurs en fait, que demande l’initiative 163? Limiter les nuisances de l’aéroport sur les riverains? Ah, oui: quand même. Et la naïveté affichée du directeur de Cointrin va évidemment de pair avec la philanthropie naturelle des compagnies aériennes. Easyjet est bien connue pour sa tendance environnementale. A tel point que la compagnie est d’ailleurs sur le point de repeindre ses avions en vert… Après le low cost, voici venu le green fly. Et pourquoi pas la taxe séquoia?

Le message du 1er novembre est clair et rassurant: nous pouvons avoir confiance dans la gestion autonome de cet aéroport. Inutile de remettre aux commandes un Etat fouineur et sujet aux pressions électorales. A Cointrin le marché s’autorégule et les avions se recyclent. Puisqu’on vous dit que tout va bien…

Kamikazement vôtre ,
Renart

* Chronique tenue tous les 15 jours par Yves Mugny, auteur de La Faute au loup (éd. Cousu Mouche), www.yvesmugny.ch www.facebook.com/Yves.Mugny.  Illustration: maou.ch