La Croatie, chien de garde de l’UE

Il faut le dire • Mercredi dernier, des activistes croates et bosniaques étaient présents à Berne pour alerter la population et les autorités suisses sur la catastrophe humanitaire qui règne aux portes de l'Europe.

Mercredi dernier, des activistes croates et bosniaques étaient présents à Berne pour alerter la population et les autorités suisses sur la catastrophe humanitaire qui règne aux portes de l’Europe.

Depuis début 2016 et suite à une décision du premier ministre hongrois Viktor Orbán et de l’ancien chancelier autrichien Sebastian Kurz, la route des Balkans a été fermée. Les exilés ont alors commencé à emprunter un nouvel itinéraire passant par la Serbie, la Bosnie-Herzégovine puis la Croatie.

Aujourd’hui, des milliers de réfugiés végètent dans des conditions inhumaines en Bosnie-Herzégovine, refoulés illégalement par la police des frontières croate lorsqu’ils tentent de rentrer en Croatie, c’est-à-dire dans l’Union européenne. Les gardes-frontières battent les réfugiés avec leurs matraques, ils mettent le feu à leurs sacs de couchage ou confisquent leurs chaussures même en plein hiver.

C’est l’Union européenne, avec sa politique de fermeture des frontières extérieures, qui est la principale responsable de ces refoulements illégaux et des nombreuses violences qui les accompagnent. La Croatie est devenue le chien de garde d’une Europe forteresse qui prêche les droits humains, mais ne les respecte pas.

Les autorités suisses ont aussi leur part de responsabilité. La Suisse est en effet un État membre de Schengen et de l’Agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes Frontex. Elle participe donc à la politique frontalière de l’UE, par exemple en envoyant des gardes-frontières suisses collaborer à des opérations à la frontière bosno-croate.

Certains pensent que la Suisse est impuissante face à cette situation. Et pourtant, des mesures simples et rapides pourraient et devraient être prises par nos autorités pour y remédier. En voici deux: arrêt de toute participation de la Suisse aux activités de Frontex en Croatie et accueil d’un contingent de réfugiés bloqués en Bosnie.

Puisque notre actuelle cheffe du département fédéral de justice et police Karin Keller-Sutter considère que nos centres d’asile sont à moitié vides, cela ne devrait pas être trop compliqué à organiser.