Urgence climatique et inégalités en tous genres à l’agenda

Ancrés à gauche, munis d’une solide expérience politique, Christina Kitsos (PS) et Alfonso Gomez (Les Verts) sont, tout comme Maria Perez (PDT), aussi en lice pour l’élection au Conseil administratif de la Ville de Genève. Ils répondent à nos questions.

Qu’est ce qui motive aujourd’hui ton engagement ? Quelles injustices t’indignent et te révoltent le plus ?

Christina Kitsos. Le moteur de mon engagement se trouve dans un idéal de justice, que l’humanité a pu concevoir mais qui reste à réaliser. Les inégalités se creusent, des poches de précarité se forment dans plusieurs quartiers qui concentrent plusieurs facteurs de vulnérabilité. Les inégalités au quotidien et dans tous les domaines (accès aux soins, logement abordable, chances de réussite scolaire, qualité de l’environnement, etc.) ainsi que toutes les formes de discriminations renferment souvent les personnes dans des trajectoires prédéterminées, où le sentiment de honte est souvent présent tout comme l’impression de ne pas être légitime. Je crois au pouvoir de transformation des villes de gauche, qui sont les premiers remparts contre les politiques d’austérité, notamment fédérale.

Alfonso Gomez. L’urgence climatique et ses conséquences sur les populations les plus fragilisées est sans aucun doute le moteur principal de mon engagement. Les inégalités sociales et de genre, principalement celles touchant les femmes et les minorités sexuelles, me révoltent particulièrement.

Quels seront d’après toi les principaux enjeux/défis de la prochaine législature ? Selon toi, de quelle marge de manœuvre dispose le Conseil administratif (vis à vis du Conseil Municipal, du canton ou de la Confédération)?

CK. L’un des défis consistera à trouver le manque à gagner fiscal dû à la RFFA combiné au risque de reports de charges sur les communes. Il s’agira par exemple de questionner la solidarité intercommunale car les priorités sont nombreuses : développement de places de crèche et d’un parascolaire de qualité facilitant l’accès à la culture et au sport dès le plus jeune âge, création de logements relais pour les victimes de violences domestiques, des activités pour les seniors dans chaque quartier, augmentation du parc locatif, médiation de nuit pour prévenir les violences, mentorat intergénérationnel auprès des jeunes les plus vulnérables pour faciliter le parcours de formation et l’insertion sur le marché du travail, mesures en faveur de l’égalité femmes-hommes, fonds d’investissement en faveur de la transition écologique (mobilité douce, rénovation du parc immobilier, pose de panneaux photovoltaïques et solaires, etc.).

AG. La transition écologique doit se faire très rapidement, c’est l’enjeu principal de ces prochaines années. L’écologie concerne toutes les politiques publiques et constitue aujourd’hui une véritable alternative à la société ultralibérale consumériste. La Ville devra soutenir l’expérimentation de nouveaux modèles dans les domaines de l’économie, de l’urbanisme, de l’environnement, du logement et des prestations sociales. Pour concrétiser cette transition, les Vert.e.s. et la gauche doivent absolument reprendre la majorité au sein du Conseil municipal. Avec cette majorité, la pression des mouvements sociaux et une majorité au sein du Conseil administratif, ce dernier pourra entamer des réformes essentielles à la défense de notre qualité de vie. L’administration municipale et ses multiples compétences seront un atout important pour accompagner les mesures dans le domaine de l’utilisation des ressources naturelles, de l’aménagement, de la lutte contre toutes les formes de pollution et du développement de politiques sociales, ainsi qu’en faveur de l’égalité entre femmes et hommes.

Dans quelle mesure peux-tu t’appuyer sur les mouvements sociaux (jeunes pour le climat, grève féministe, migrant.e.s en lutte, etc) pour mener à bien ton action ?

CK. Les mouvements sociaux sont fondamentaux pour faire bouger les lignes y compris politiques. Ils rassemblent des milliers de personnes, prêtes à descendre dans la rue, à faire entendre la voix de celles et ceux qu’on n’entend pas, qu’on ne voit pas. Ils apportent une réflexion à toute une société et permettent de faire évoluer les mentalités, de renverser les paradigmes établis et de sortir des sentiers battus.

AG. Les mouvements sociaux jouent un rôle fondamental dans l’identification et la résolution des problèmes écologiques et socio-économiques. Les partis politiques ont manifestement besoin d’être secoués pour oser prendre de véritables mesures qui puissent garantir la préservation de notre planète et lutter contre les inégalités. Les associations environnementales, de locataires, de défense des droits des minorités sont très mobilisées et permettent de gagner des combats, y compris sur le plan juridique. Les mouvements sociaux sont à la fois des laboratoires d’idées nouvelles, des outils destinés à favoriser l’exercice permanent de la citoyenneté, des incubateurs de solidarité et des sentinelles sociales qui nous tiennent éveillé.e.s.