Les paradis fiscaux ont des beaux jours devant eux

Il faut le dire • Cette semaine, le Réseau pour la justice fiscale (TJN) a livré son index des paradis fiscaux les plus opaques de la planète.

Cette semaine, le Réseau pour la justice fiscale (TJN) a livré son index des paradis fiscaux les plus opaques de la planète. En tête de classement se trouvent… les Etats-Unis. Si on connaissait déjà le Delaware, parfaite boîte aux lettres anonyme de nombreuses sociétés, l’adoption par le New Hampshire d’une loi permettant la création de fondations privées à but non lucratif, sans qu’il soit nécessaire de divulguer l’identité des fondateurs ou bénéficiaires, représente un mauvais point au tableau.

Le Royaume-Uni est aussi mal classé du fait de son «réseau en toile d’araignée». Celui-ci permet de sous-traiter une partie de son activité sous secret financier à des territoires moins regardants comme les îles Caïmans, les îles Vierges britanniques ou Guernesey. Le Brexit ne devrait qu’amplifier cette tendance.

Pour sa part, la Suisse occupe la troisième place du classement. Viennent ensuite Hong Kong, Singapour ou le Luxembourg. Malgré l’extension de son réseau international d’échange automatique des renseignements sur les clients (EAR) à plus de 100 pays, «il est toujours facile pour les personnes fortunées du Sud de cacher leur argent en Suisse», selon l’association Alliance Sud, qui relaie l’index de TJN. «A quelques exceptions près, les pays pauvres ne sont toujours pas inclus dans le EAR. Les personnes fortunées des pays du Sud peuvent donc toujours cacher leur argent pratiquement sans risque aux autorités fiscales de leur pays d’origine en utilisant les services offshore des banques et autres prestataires de services financiers en Suisse», a commenté Dominik Gross, spécialiste de la politique fiscale au sein de l’association.

Pour pallier ces insuffisances, il voudrait que la Suisse aide les pays du Sud à rejoindre le réseau EAR, mais aussi qu’elle introduise un registre public des ayants droit économiques, fournissant des informations sur les personnes qui possèdent effectivement des sociétés offshore dans notre pays. Pour finir, il faudrait que les rapports pays par pays relatifs au chiffre d’affaires des sociétés multinationales soient rendus publics.

Au vu du palmarès mondial et au nom de la concurrence économique, on peut douter que la droite et les banquiers suisses mettent beaucoup d’empressement à corriger les failles du système.