De l’importance du bien commun

Il faut le dire • C’est encore du Nord-Congo que j’écris, ce pays si riche naturellement et dont la population est meurtrie par une exploitation, qui a débuté avec la colonisation.

C’est encore du Nord-Congo que j’écris, ce pays si riche naturellement et dont la population est meurtrie par une exploitation, qui a débuté avec la colonisation (surtout le commerce de l’ivoire et du caoutchouc naturel, mais déjà de l’or). Cela s’est poursuivi à l’indépendance, après un court espoir. Soit l’élection de Patrice Lumumba comme premier ministre. Mais jugé trop «socialiste» par la Belgique et les Etats-Unis qui l’on fait assassiner.

Ils ont mis à la place «leur» homme, Mobutu, qui a régné pendant plus de 30 ans. Celui-ci a toujours considéré le Congo comme son bien personnel, devenant milliardaire sans développer un minimum d’Etat de droit. Cela ne l’empêcha pas d’être reçu régulièrement comme un allié, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

Le Congo était en cessation de paiements dans les années 80. Le FMI lui a en plus imposé une réduction drastique des dépenses publiques. Ceci a ruiné le peu de soutien qu’avaient l’éducation et la santé, sans même parler de protection sociale. Depuis 1997, les Kabila père et fils, venus de l’Est et dont on attendait beaucoup, n’ont pas fait mieux et le nouveau président «élu» en janvier 2019, à la suite d’une entente avec le clan Kabila est à la tête d’un pays sans ressources publiques. Le budget 2020 de cet Etat de 85 millions d’habitants, 3e plus grand pays de l’Afrique est de 10 milliards soit celui du canton de Vaud! Pire, les ressources escomptées avoisinent les 6 milliards. Il manque donc 4 milliards que le Congo entend emprunter (ou recevoir en donation). Le FMI met des conditions, ce qui finalement risque d’amener à revoir la volonté affichée de rendre l’enseignement primaire gratuit.

Il faut savoir que, selon des données publiées par l’Union Africaine, le ratio impôts/PIB en République démocratique du Congo en 2017 (6.6%) était inférieur de 10.6 points de pourcentage à la moyenne des 26 pays d’Afrique (17.2%) et largement en dessous des pays de l’OCDE (34%). Et encore dans les ressources fiscales près de 30% viennent de la TVA (frappant donc tout le monde, pauvres et riches!) Pourtant, une étude récente de la Banque Mondiale estime qu’avec la seule contribution du secteur extractif, le pays devrait réaliser des recettes annuelles de l’ordre de 22% du PIB. Mais les multinationales résistent, la corruption fait le reste et la communauté internationale s’en accommode: C’est une honte.

Cela nous rappelle aussi combien il est important de lutter pour garder une substance fiscale importante, la plus égalitaire possible dans nos pays, et combien la lutte pour «des entreprises multinationales responsables» est essentielle. Mais c’est bien tout le système néo-libéral qui est malade. Bernard