A quand des structures d’accueil pour les femmes violentées?

8 mars • Membre de l’Association interjurassienne pour la grève des femmes* et du parti POP, Jeanne Beuret revient sur les revendications féministes dans le canton, notamment celle d’une lutte contre les violences domestiques et le féminicide.

Quelles sont vos priorités cette année?

Jeanne Beuret  En octobre, une femme de 38 ans a été tuée par son mari à Courfaivre. Ce féminicide a beaucoup marqué la région. Nous avons donc décidé de thématiser la problématique des violences domestiques à l’occasion de ce 8 mars. Le Code civil suisse stipule que des mesures d’éloignement peuvent être prononcées contre l’agresseur, mais dans le cas cité, cela n’a pas suffi et les conséquences ont été tragiques. De plus, il manque des structures d’accueil adéquates ou d’appartements-relais pour les victimes, de recensement statistiques ou de personnel spécialisé. Les centres Lavi d’aide aux victimes, qui sont des bureaux, proposant des conseils juridiques, psychologiques, et un soutien financier d’urgence ne sont pas suffisants. Pour matérialiser ces carences, nous nous rassemblerons à Porrentruy pour ensuite marquer un arrêt symbolique devant les locaux de la police locale, premier lieu où les femmes peuvent déposer plainte, puis devant le tribunal cantonal, où nous ferons une flashmob et lirons l’appel à la grève féministe, à 15 heures 24, heure qui marque le moment de la différence de salaire avec les hommes et le début du travail non rémunéré pour les femmes.

Quelles sont vos autres revendications pour cette journée? 

A l’occasion de cette journée, les syndicats mettront en place des bancs-stands d’information et distribution dans les lieux publics afin d’attirer l’attention sur les inégalités salariales dans le travail et sur la nécessité de respecter la Loi sur l’égalité ou sur le salaire minimum fraîchement mis en vigueur, mais déjà mis à mal dans la vente. Ils viendront ensuite nous rejoindre pour la manifestation.
Quant au comité féministe jurassien, nous voulons aussi mettre l’accent sur la nécessité de renforcer une éducation ouverte à la tolérance, au vivre ensemble et respectueuse de chacun.e. Les livres et supports de cours sont encore trop souvent vecteurs de sexisme et de stéréotypes. Nous voulons aussi que soient institués des cours de sensibilisation à la violence de genre à l’image de ceux qui existent en éducation sexuelle .

Qu’en est-il des inégalités socio-économiques?

Nous partageons toutes les revendications de l’Appel à la grève féministe, que ce soit dans l’opposition à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, le renforcement massif des congés maternité ou parentaux ou le maintien d’un service public fort, notamment en matière de places de crèches ou plus globalement la lutte contre le patriarcat. Nous ne hiérarchisions pas les thèmes et il y a beaucoup à faire, mais après discussion au sein des groupes de travail de notre comité, nous voulions vraiment thématiser cette année la question du féminicide.

 

Un 8 mars décentralisé

Après la décision du Conseil fédéral d’interdire des rassemblements de plus de 1’000 personnes du fait de l’épidémie de coronavirus, les collectifs féministes ont à décider de démultiplier et décentraliser la journée.

Genève, dimanche 8 mars 

• Durant la matinée, distributions du journal 8 min,
• A la Place des Grottes, tables rondes et discussions à l’UOG & Brunch par les hommes solidaires, chorale Nananair
• 11h: «1 heure de notre temps combien vaut-elle pour vous» par le syndicat SIT, Place des Grottes, avec la présence de libreradio, point rencontre et infos, interviews de féministes en live à l’internationale par Libradio à la Maison Verte (Place des Grottes 5)
• 12h: Rotonde HUG, «Les travailleuses de la santé n’ont pas congé le dimanche!», discussions, chorale Nananair, chants féministes
• Actions contre les violences sexistes et les féminicides:«souliers rouges» par l’Escouade, intervention de Meufs
• 15h24: Flashmob Las Tesis+Tambours (Lieu, heure à préciser).
Infos sur Page Facebook Grève des femmes, grève féministe Genève

Vaud, dimanche 8 mars

• Dès 12h: Place de la Riponne à Lausanne: différents stands, ateliers pancartes, repas
• Dès 14h: Rassemblements décentralisés – Lecture de l’Appel national à la grève et animations thématiques
-Place de la Palud: retraites et rentes
-Place de Saint-Laurent: éco-féminisme
-Place de l’Europe: étudiantes et travail précaire
-Place de la Riponne: travail du Care (non) rémunéré
• 15h24: Flashmob « El violador en tu camino » à la gare de Lausanne
– 17h00: Riponne – messages des mouvements féministes internationaux et chants
Des actions sont prévues à Renens, Morges, Yverdon, Vevey et Nyon

Neuchâtel, dimanche 8 mars

Cour du Collège de la Promenade, Place du Port 4
• Dès 13h: Action «Au feu le patriarcat»
• 14h: Lecture de l’Appel national
• 14h30: En direct avec des femmes en lutte dans le monde
• 15h24: Flash-mob
• 16h: Les grands-mères à l’honneur
• 16h30: Fondue moitié-moitié
• 18h: Projection du film Woman au Cinéma Appolo 1

Jura, dimanche 8 mars

Porentruy, Place de la gare
• 14h20: Rassemblement Défilé pour la lutte pour les droits des femmes*
• 15h24: Flashmob «Le violeur, c’est toi», lecture de l’Appel national, témoignages.