Renforçons la solidarité

Il faut le dire • La solidarité individuelle, pour nécessaire qu’elle soit, n’est pas suffisante. C’est bien le moment d’affirmer comme autorité politique que le bien commun prime sur l’individu.

Je reviens du Congo. Le dernier cas d’Ebola y date de plus de 3 semaines et l’on est proche de la fin de l’épidémie. Mais la rougeole continue à faire des ravages, même si on n’en parle pas. Ceci au côté de la malaria endémique et de la malnutrition sévère hélas très présente à cause de l’insécurité liée au contexte de violence entre groupes rebelles et l’armée dite régulière. Je me retrouve confronté, comme vous tous à l’épidémie du COVID-19. Je suis confiné chez moi, faisant partie des groupes à risque. Mais je peux au moins me promener dans mon Chablais, en montagne ou en plaine, sans risque, ce qui m’était interdit au Congo.

Encore en ce début de semaine, le Conseil fédéral a pris des décisions très fermes, dans l’espoir de ralentir la propagation du virus et donc d’éviter une surcharge dans le système de santé, pour assurer au mieux la qualité des soins. Face à une maladie nouvelle, heureusement bénigne dans plus de 95% des cas, mais hautement contagieuse, il faut saluer la radicalité des mesures prises. Même si certains considèrent qu’elles ont tardé. Pour une fois, la santé publique a primé sur la crainte d’un «ralentissement» économique.

Maintenant, il sera très important que la solidarité fonctionne vraiment: et ce n’est pas la ruée sur le papier hygiénique, le riz ou les pâtes que l’on a vu ces jours, qui nous rassure. Elle témoigne du désarroi de tout en chacun et ressemble plus à un sauve-qui peut général. D’ailleurs, la solidarité individuelle, pour nécessaire qu’elle soit, n’est pas suffisante. C’est bien le moment d’affirmer comme autorité politique que le bien commun prime sur l’individu. Et de rassurer la population sur le fait que les décisions politiques permettront d’éviter que cette crise n’augmente la précarité dans notre pays: la présidente de la Confédération l’a dit, la Suisse a des ressources pour surmonter le ralentissement de la vie économique et sociale transitoire de ce pays. Les entreprises doivent être solidaires de leurs employés, et les syndicats doivent y veiller. C’est l’occasion de resserrer les liens. Et de réfléchir sérieusement aux biais et risques que nous fait courir notre système socioéconomique basé sur le marché.

N’est-il pas absurde de laisser à la Chine et à l’Inde fabriquer plus de 80% de nos médicaments (parce que les coûts de production y sont moindres)? Car la mondialisation a un rôle à jouer dans la propagation du COVID-19 et de faire de cette épidémie une pandémie qui nous frappe de plein fouet. Mais tout cela ne doit pas cacher l’horreur qui prévaut aux portes de l’Europe, à la frontière grécoturque ou sur l’île de Lesbos!