Le silence des bombes

Il faut le dire • Il y a 21 ans, le 24 mars 1999, commençaient les bombardements de l’OTAN contre la Serbie et le Monténégro, sans aucun mandat de l’ONU. (Par Luca Schalbetter)

Ils ont duré 78 jours, fait 2’500 victimes dont 79 enfants, détruits 82 ponts et une maternité. Il y a 21 ans, le 24 mars 1999, commençaient les bombardements de l’OTAN contre la Serbie et le Monténégro, sans aucun mandat de l’ONU.

Je n’étais même pas né et pourrais fermer les yeux. Mais il se trouve que j’ai une attache particulière, presque émotionnelle, à ce pays et ses habitants. Je pense à cette vieille dame, qui n’a que le mot «pourquoi?» à la bouche lorsqu’un grand média russe l’interroge sur cet évènement auquel son fils, alors âgé de 6 ans, n’a pas survécu. Je pense à ces nombreux villages que j’ai traversés, ne comptant que quelques centaines d’habitants. Et pourtant, chacun possède son petit mémorial en l’honneur des soldats serbes combattants le fascisme, tombés pendant la 1ère guerre mondiale. On n’en dénombre pas moins de 400’000. Et plus du double de civils. L’Europe a usé d’une drôle de manière pour les remercier…

Cette agression impérialiste avait comme seul but d’arracher la région autonome du Kosovo à la Serbie pour la mettre sous tutelle étasunienne. Une statue de Bill Clinton surplombe la capitale, la 2e plus grande base militaire des États-Unis en Europe, qui a accueilli jusqu’à 7’000 soldats, loge à Ferizaj. Le gouvernement, constitué d’anciens responsables de l’armée de libération du Kosovo (UCK), est composé au pire de criminels de guerre, au mieux de mafieux. La population, elle, en fait les frais, avec un taux de chômage approchant les 50%, faisant du Kosovo un des pays les plus pauvres d’Europe.

Aujourd’hui encore, le silence des médias occidentaux sur cette agression est assourdissant. Et une partie non-négligeable de la gauche avec. Celle qui applique une vision curieusement variable de l’anti-impérialisme. Celle qui condamnait pourtant la guerre en Afghanistan ou en Irak, et qui aujourd’hui tait la guerre économique contre Cuba et le Venezuela. En attendant, les vrais criminels, ceux de l’OTAN, courent toujours. Quant au PST-POP, il continuera à revendiquer le retrait des troupes suisses du Kosovo et l’arrêt des coopérations militaires avec les armées de l’OTAN.