Coronavirus: tour d’horizon

Neuchâtel • Fin mars 2020, plus de 300 personnes seraient officiellement infectées par le coronavirus sur territoire neuchâtelois. Des chiffres contestés.

Les dépistages n’étant plus systématiques depuis quelques semaines, ce bilan est en dessous de la réalité. Le système s’arrête, du moins partiellement. Face à l’épidémie, l’Etat et les Villes s’organisent. Les employés communaux, comme au Locle, sont affectés à d’autres missions: le soutien aux personnes confinées, notamment aux plus âgées. L’engagement d’associations et l’entraide entre voisins se renforcent. Ces initiatives sont accueillies favorablement par les citoyennes et citoyens.

D’autres saluent le non démantèlement du système hospitalier neuchâtelois. En effet, dans la continuité des politiques d’austérité prônées par le système libéral international, le gouvernement cantonal et les principaux partis politiques avaient, durant plusieurs années, tenté de concentrer les établissements et de réduire l’offre sanitaire. En 2017, le peuple en décide autrement.

Deux ans plus tard, le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) voit le jour, avec le maintien des sites de soins aigus à La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, ainsi que des Centres de traitement et de réadaptation (CTR) sur différents sites, tels qu’au Locle ou au Val-de-Ruz. L’engagement sans conteste du personnel médical et technique est salué tant par la population que les autorités.

Alignement sur le Conseil fédéral

Au niveau économique, contrairement à d’autres cantons, des mesures exceptionnelles de fermetures de chantiers et des usines n’ont pas été exigées, le Conseil d’Etat neuchâtelois s’étant aligné sur l’intention du Conseil fédéral. En envoyant les travailleuses et travailleurs au front, les intérêts des milieux économiques ont donc prévalu. Cet état entre en contradiction avec la protection de la population, les fermetures exigées des écoles et celles de la plupart des commerces et indépendants. Dans les faits, tourné principalement vers l’exportation, le canton de Neuchâtel est en grande partie dépendant de l’international. Les différentes baisses fiscales sur les personnes morales intervenues en 2013 et 2020 ne lui permettront certainement pas de pérenniser ses capacités financières actuelles, ce d’autant plus qu’il peine historiquement à capter ses propres richesses. Il est dès lors peu probable que le canton puisse tendre vers une autonomie, même et bien évidemment partielle, sur le plan financier et économique. Cette situation annihile – ou du moins rend difficile – toute politique de relance. Seule une réorientation des investissements en matière de soutien à une économie de proximité, privilégiant les circuits-courts, serait à même de favoriser ce type de politique.

Reste que la situation nécessite de pallier le plus pressant. Les Associations de défenses des chômeurs (ADCN) de Neuchâtel ont demandé au Conseiller fédéral en charge de l’économie, M. Parmelin, entre autres une augmentation de la durée d’indemnisation, la suspension des exigences relatives aux recherches d’emploi et la suspension des délais d’opposition. Ces divers points ont été acceptés. A l’heure de la rédaction de cet article, recourant à la «Réduction d’horaire de travail» (RHT), plusieurs entreprises neuchâteloises ont désormais privilégié une fermeture, alors que d’autres maintiennent leurs activités appliquant, selon elles, des mesures de distanciation et de protection.

Incertitudes

Les changements de rythmes, mais aussi d’horizon, tant spatial que temporel, auront sans doute un impact sur la population et ses pratiques. La consommation s’en verra-t-elle modifiée? Une période d’euphorie consommatrice ou de renonciation, voire d’ascétisme, suivra-t-elle cette situation de confinement? Du côté de l’offre, le système s’étant arrêté, celui-ci pourrait l’être encore plus. Cette potentialité refreinerat-elle les investisseurs? Profitera-t-elle aux spéculateurs? Ou au contraire favorisera-t-elle des investissements durables, seuls capables de répondre aux enjeux climatiques et sociaux de ces prochaines décennies.

Une chose est sûre. Si, au lendemain de cette crise sanitaire, une modification structurelle profonde de la société en faveur de la population ne devait pas voir le jour, c’est le virus qui aura gagné. Paradoxalement, celui-ci nous offre l’occasion d’ouvrir les chemins du possible. De nouvelles alternatives devront voir le jour: une diminution du temps de travail, afin d’absorber l’ensemble des chômeurs; la concrétisation de rentesponts ou encore celle du revenu universel.

Voir: www.bag.admin.ch (31.03.2020 : 318 personnes [NE]).