L’UDC dans le sillage de Trump

Il faut le dire • Plutôt que de suivre le programme de Donald Trump, l’UDC ferait mieux d’œuvrer réellement pour la population, puisqu’elle se targue d’être le parti du peuple.

Comment évoluera l’épidémie de coronavirus ces prochaines semaines en Suisse? Difficile de le prédire. Si certains signes sont encourageants, notamment le fait que les hôpitaux ne sont pas encore saturés, il convient de redoubler de vigilance, de ne pas baisser la garde pour ne pas relancer massivement la maladie.

Tel n’est pourtant pas l’avis de l’UDC, qui estime qu’après le 19 avril, la population supposée non menacée -soit celle qui a moins de 65 ans – doit se remettre au travail. A cette date, le parti revendique l’ouverture des commerces, restaurants et écoles. L’interdiction des rassemblements doit être assouplie «en maintenant toutefois les mesures d’hygiène et de protection». Le port du masque doit être généralisé.

Ces propositions sont particulièrement irresponsables et irréalistes, montrant bien les priorités de ce parti en temps de crise sanitaire. L’arrêt du Covid-19 ne peut se décréter, sauf un bilan sanitaire définitif ou découverte d’un vaccin. Daniel Koch, «Monsieur Covid-19» de l’Office fédéral de la santé (OFSP), a prudemment estimé que la vague de contaminations en Suisse devrait cesser «au début de l’été».

Forcer la reprise n’a pas plus de sens économique comme la Chine en fait d’ailleurs l’expérience. Malgré une relance lente de ses usines et une ouverture des commerces et cinémas, ces derniers sont toujours désertés par les clients, qui restent inquiets d’une rechute du pays. Comment imaginer aussi un retour à la normale alors que la plupart des pays européens, principaux clients de la Suisse, sont à l’arrêt? Et que les Etats-Unis et l’Angleterre entrent, eux aussi, dans la tourmente, avec même une accélération de la propagation.

Plutôt que de suivre le programme de Donald Trump, l’UDC ferait mieux d’œuvrer réellement pour la population, puisqu’elle se targue d’être le parti du peuple. A défaut de penser à un autre développement, notamment plus respectueux de l’environnement pour l’après-crise, qu’elle est bien incapable d’imaginer, malgré ses velléités écologiques des élections fédérales d’octobre dernier.