La Suisse résiste, mais à quel prix?

Covid-19 • Economie relocalisée, Etat social et services publics forts, politique d’inclusion sont mis en avant par des militants neuchâtelois du POP pour l’après-pandémie. (Par Fabien Cortat, Isis Joliat, Matthieu Reverchon et Nicolas Turtschi, militants du POP neuchâtelois)

En tant que parti représentant les intérêts des travailleurs, des travailleuses et de la population dans son ensemble, nous soutenons les mesures sanitaires prises par les autorités cantonales et fédérales pour protéger les personnes à risque et éviter une surcharge du système hospitalier. Il encourage donc chacun.e à respecter les directives de l’OFSP et à se comporter de manière responsable.

Au niveau individuel, nous sommes extrêmement heureux.ses de constater chaque jour tous les élans de solidarité qui se manifestent spontanément. Que ce soit pour soutenir les personnes vulnérables, le personnel soignant, les maraîcher.ère.s ou tou.te.s celles et ceux durement touché.e.s par cette crise, il s’agit là de la preuve qu’une grande partie de la population a conscience de son appartenance à un système social plus vaste, au sein duquel chaque individu joue un rôle. De telles initiatives sont un baume au cœur en cette période difficile, et le POP les soutient sans réserve!

Vigilance critique

En revanche, certains comportements peu citoyens doivent être découragés. Les dénonciations, les photos et les autres formes de délation, sur les réseaux sociaux ou auprès des autorités, témoignent d’une attitude que nous ne saurions cautionner…

Plus globalement et même s’il est encore trop tôt pour tirer un bilan des actions de nos gouvernements et de tous les acteurs de cette crise, une vigilance critique s’impose afin de pouvoir, le moment venu, tirer un bilan d’une gestion de crise révélatrice du fonctionnement de notre pays.

Les décisions prises jusqu’à présent par le Conseil fédéral sur le plan sanitaire semblent pour l’instant acceptables, en n’imposant par exemple pas de confinement strict. Toutefois, les difficultés d’approvisionnement des hôpitaux doivent nous faire réfléchir aux moyens que nous voulons donner à notre système de santé à l’avenir.

En revanche, au niveau économique, le plan de gestion de cette crise par le Conseil fédéral et les cantons n’est qu’en cours d’élaboration, mais prend déjà une direction aussi attendue que décevante. Les autorités privilégient l’économie à la santé en faisant le choix de ne pas fermer les entreprises non-essentielles et la Confédération propose aux entreprises une aide sous forme de prêts les conduisant à s’endetter davantage auprès des banques, ce qui ne fait que repousser les problèmes.

Ces mesures sont révélatrices de deux grandes erreurs dans la vision néolibérale de notre société: celle de croire que la santé économique d’une entreprise prime sur la santé de ses travailleur.euse.s, et celle de nier que la solidité économique d’un pays dépende avant tout de la solidité économique de l’Etat.

Etat social renforcé

La Suisse aura besoin de centaines de milliards de francs pour traverser cette période difficile, soutenir les travailleur.euse.s au chômage, les indépendant.e.s, les plus durement frappé.e.s par cette crise, soutenir également notre système de santé, notre vie culturelle et sociale. Nos finances devront être reconstruites, renforcées et solidifiées dans les années à venir.

Et cette crise nous indique clairement la voie à suivre. Elle nous renvoie brutalement à nos vrais besoins et aux décisions que le pays doit prendre pour les assurer.En premier lieu, il s’agit de privilégier l’économie locale, les circuits courts pour renforcer notre économie régionale.Mais également garantir un approvisionnement alimentaire et de produits de première nécessité (hygiène, soins, etc.) en tout temps et de manière la plus autonome possible.

Il faut aussi renforcer les services publics dont tout notre système dépend: santé, éducation, transport, énergie. Ces services doivent être solides, suffisamment financés, dotés d’une main d’œuvre qualifiée et suffisante et surtout être pilotés par l’Etat de manière à garantir leur fonctionnement en tout temps et toutes circonstances.

Il importe d’assurer le fonctionnement d’un Etat social fort et capable de protéger sa population et ses institutions. Et, n’ayons pas peur de le dire, une collectivité capable de soutenir son économie, de l’organiser, et de la diriger là où le peuple souhaite la mener. L’Etat a sauvé les banques en 2008. En 2020, il va devoir sauver des pans entiers de l’économie. Le soutien promis à Swiss et au secteur aérien par le Conseil fédéral prouve à la fois la possibilité et la nécessité d’un véritable pouvoir d’intervention pour garantir une autonomie de la Suisse dans des secteurs économiques critiques.

Pour finir, il faut pratiquer une politique pensée pour la base, pour l’ensemble de la population, pour tous ceux et toutes celles sur qui le pays au complet se repose. Pour les parents qui ont la tâche de préparer les générations futures, pour les travailleurs et travailleuses dans le domaine des soins, de l’alimentation, de l’agriculture, des services publics qui chaque jour font leur part pour maintenir en Suisse, et partout ailleurs, le bateau à flot.De cette crise, nous espérons que la population suisse tirera des enseignements et nous serons, au POP, toujours présent.e.s pour pousser au changement de paradigme qui s’impose à présent avec davantage d’évidence que jamais.