Il ne suffit plus de les applaudir

Il faut le dire • Cette semaine, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) a envoyé une lettre ouverte aux parlementaires pour exiger des actes plutôt que de sempiternelles paroles.

Au front depuis l’aube de la pandémie, les infirmières, pouvant déjà travailler jusqu’à 50 h. par semaine selon la Loi sur le travail (suspendue depuis le 20 mars) veulent une reconnaissance et des moyens pour leurs missions vitales.

Cette semaine, l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) a envoyé une lettre ouverte aux parlementaires pour exiger des actes plutôt que de sempiternelles paroles. Elle dénonce les lacunes du système de santé suisse. Le manque de masques de protection pour les personnels soignants en est une triste illustration, une lacune qui coûtera 2 mil- liards pour être rattrapée.

Très remontée, l’association pointe aussi le manque de personnel dans les hôpitaux et celui touchant à la reconnaissance financière de la profession. Ces exigences sont le cœur de l’initiative fédérale «Pour des soins infirmiers forts» déposée en 2017 par l’association.

Le texte demande qu’un nombre suffisant d’infirmiers et d’infirmières soit formé en Suisse, le pays n’assurant la carrière que de 43% seulement de la demande réelle de soignants. «Cela témoigne d’un égoïsme indéfendable vis-à-vis des pays dont nous ponctionnons la main-d’œuvre», tance l’ASI.

L’initiative veut permettre aux professionnels d’assurer une qualité des thérapies proposées. Ceci par un financement des prestations correspondant aux dépenses effectives réalisées pour les soins. Tous ces manques font que beaucoup d’infirmières et d’infirmiers quittent la profession frustrés, parce que la charge de travail est trop élevée et que le salaire et la reconnaissance sont trop faibles.

Pour l’heure, l’ASI a l’impression que le monde politique prend encore de haut ces demandes, même si un contre-projet indirect minimum a été approuvé par le Conseil national. «Nous avons mis depuis longtemps nos arguments sur la table. Ceux-ci sont étayés par de nombreuses études scientifiques. Les parlementaires savent ce qui est en jeu. Nous attendons d’eux qu’ils en tirent enfin les conséquences», avertit Sophie Ley, présidente de l’ASI. Si celles-ci ne sont pas tirées par les parlementaires, il y a fort à parier qu’elles le soient par la population, qui les acclame tous les soirs au balcon, au moment de passer au vote.