Pandémie et néolibéralisme

Opinion • Militant politique et infirmier, Xavier Carlo a tiré quelques enseignements du Covid-19.

La première leçon à tirer de cette pandémie est que les services de santé des grands pays occidentaux, complète- ment laminés par les réformes néolibérales, ont été incapables d’y faire face alors que de nombreux signes démontraient qu’une pandémie pouvait surgir à tout moment. Un peu partout, on a constaté un manque cruel de masques, de désinfectants hydro alcooliques, de respirateurs et de matériel de test.

C’est pourquoi la plupart des pays occidentaux ont confiné en totalité ou en partie leurs concitoyens alors que les recommandations en santé publique sont de confiner uniquement les gens malades; de même la Suisse a dit que le port du masque était facultatif alors qu’il est essentiel pour se protéger.

L’une des raisons du confinement (dans une logique qui ne voulait pas tester massivement la population) était aussi d’éviter un débordement et un écroulement du système sanitaire car le nombre de lits de soins curatifs a été diminué dans tous les pays occidentaux. Il est à noter que les pays qui s’en sont sortis le mieux ne sont pas nécessairement ceux qui ont confiné leur population mais ceux qui ont dépisté massivement, isolé les malades et généralisé le port du masque comme Taïwan (7 décès), Hong- Kong (4 morts), le Viêt Nam (aucun décès) et Macao (0 décès).

Mondialisation et désindustrialisation

La mondialisation a provoqué une désindustrialisation de nos pays et, de ce fait, une partie de notre production est regroupée dans d’autres pays (…) Des pays n’ont pas pu fabriquer suffisamment de kits pour les tests car certains réactifs étaient produits en Chine, pays dont l’économie a ralenti suite à l’épidémie de Covid-19. Pourtant les signes d’une pandémie sont là: densité de populations dans les villes absolument aberrantes. Ainsi parmi les cités les plus peuplée, on trouve Shanghai avec 51 millions d’habitants, Tokyo avec 37 millions, Lagos avec 21 millions, Dehli et Karachi avec chacune 16 millions, Istanbul 14 millions, Moscou 12 millions, Sao Paulo avec 11 millions.

Mais aussi augmentation du nombre de voyageurs et d’échanges entre les pays. En 2017, le nombre de voyageurs empruntant un avion était estimé à 4 milliards, soit une moyenne de 11 millions par jour. On peut aussi noter une diminution de la qualité des aliments et des coupes dans les systèmes de santé affectant les plus fragiles d’entre nous ainsi que le retour de certaines maladies comme le SIDA, l’herpès, la rougeole ou la peste, notamment aux USA, démontrant une baisse de notre système immunologique.

Autres alertes

D’autres alertes sont survenues à brève échéance: virus grippaux H5N1 en 1997 et H1N1 plus tard en 2009. Deux autres épidémies de coronavirus sont apparues en 2003 (SARS-CoV-1) et en 2012 (SRMO-CoV). Souvent les grandes épidémies apparaissent durant les bouleversements sociopolitiques et les deux sont étroitement liés, touchant plutôt les plus démunis. Par exemple, la grande peste noire qui se manifesta en Europe en 1347, depuis l’Italie du Sud, est venue au moment où le système féodal s’effondrait. Cette pandémie a tué près d’un tiers de la population européenne et suivait les routes commerciales. (…)

Les dernières recherches démontrent une inquiétante corrélation entre les problèmes de santé provoqués par les coronavirus et la pollution qui affecte le malade. Il est aussi significatif de souligner que les épidémies de peste, à l’époque romaine, suivaient les routes commerciales qui sillonnaient l’Empire (peste antonine, peste de Cyprien…). Des scientifiques et l’OMS ont prévu qu’une pandémie allait surgir (étant donné les facteurs précités), mais rien n’a été anticipé (pourtant Adolphe Tiers disait que «gouverner c’est prévoir»). Un article paru en juin 2018 tirait la sonnette d’alarme et mettait en avant les dernières données de l’OMS. (…)