Un fonds pour les plus démunis

Genève • Le Conseil d’État se propose de créer un fonds de soutien ponctuel de 15 millions pour les personnes qui ont perdu leur revenu pendant l’épidémie de Covid-19.

Cette fin de semaine, la Caravane de la solidarité organisait une nouvelle distribution alimentaire aux Vernets depuis le début de l’épidémie. Près de 3000 sacs de nourriture ont été distribués à de nombreuses personnes notamment sans statut légal, qui ont perdu leur travail auprès d’employeurs privés. Dès le 2 avril, le syndicat SIT avait alerté le Conseil d’État sur les conditions de vie des travailleuses de l’économie domestique, réclamant une allocation temporaire cantonale de pandémie forfaitaire de 3320 francs par mois garantissant un revenu d’existence minimal. La requête a finalement été partiellement entendue par le Conseil d’État.

Mesure d’aide limité

Cette semaine, par l’entremise de Thierry Apothéloz, conseiller d’État en charge du Département de la cohésion sociale, le gouvernement a annoncé la mise en place pour une durée limitée de deux mois d’un fonds doté de 15 millions pour les personnes en difficulté et sans revenu. «Un projet de loi a été élaboré en concertation avec les partenaires sociaux,. Il vise à compenser 80% de la perte de revenus effective survenue entre le 17 mars 2020 et le 16 mai 2020. Il s’adresse à toute personne résidant à Genève depuis une année et ayant exercé une activité lucrative au moins au cours des trois mois précédant l’entrée en vigueur de l’arrêté du 16 mars sur les mesures de lutte contre le coronavirus, quelle que soit l’activité lucrative, le statut professionnel ou le statut légal», explique le gouvernement.

Outre les nombreux salariés travaillant dans l’économie domestique, le projet doit venir en aide à des catégories comme celles des intermittents du spectacle, des travailleurs sur appel, des faux indépendants, des travailleuses du sexe ou des étudiants pratiquant de petits jobs ponctuels.

Bas salaires sous pression

Selon la Plateforme pour une sortie de crise sans exclusion*, qui regroupe syndicats et associations comme le Centre social protestant, la mesure va dans le bon sens. Avec quelques restrictions, «la limitation de cette indemnité à deux mois et l’imposition d’un délai au 30 juin pour en faire la demande sont extrêmement problématiques. Quant à la couverture de seulement 80% de la perte de revenu, elle ne met pas à l’abri du besoin des travailleuses à bas salaire et le plus souvent à temps partiel avant la crise», relève la Plateforme, qui demande au Grand Conseil, où sera débattu le projet de loi, d’en corriger les lacunes, notamment vis-à-vis des travailleurs frontaliers, «particulièrement soumis à ces formes d’emplois atypiques».