Une aide très sélective pour la presse écrite

Vaud • Si la demande en journaux a fortement augmenté, l'aide d'urgence débloquée par le canton n'est pas a la hauteur du défi démocratique et privilégie certains titres.

Le 7 mai dernier, le journal Le Régional, actif entre Lavaux et le Chablais, mettait tristement la clef sous le paillasson. La semaine dernière, L’Illustré, édité par Ringier Axel Springer Suisse, annonçait la suppression de 8 postes dans sa rédaction, alors que le nouveau journal Micro, fondé en 2019 par d’anciens collaborateurs du Matin, arrêtera sa parution cette semaine. Financé en priorité par ses abonnés (restaurants, cafés, coiffeurs, cabinets médicaux en majorité) et destiné en priorité à être lu dans ces lieux publics, le journal n’a pas survécu à leur fermeture et aux recommandations actuelles de ne pas mettre journaux et magazines à disposition des clients.

Face à ces mauvaises nouvelles en cascade, outre l’aide d’urgence fédérale de 65 millions décidée, contre l’avis du Conseil fédéral, par les chambres dans leur session extraordinaire pour la presse écrite, l’agence Keystone-ATS et les télévisions locales, les cantons mettent aussi la main à la poche. Mais de façon sélective.

Dans le Canton de Fribourg, le gouvernement a décidé, le 8 mai, d’une aide urgente aux médias, dotée de 5,4 millions. Dans celui de Vaud, le Conseil d’État a décidé dès le 29 avril un soutien exceptionnel au secteur des médias régionaux à hauteur de 1,2 million sous forme d’un plan d’annonces d’intérêt public et sanitaire. «Le critère pour cette aide est qu’il s’agisse de presse généraliste, qui aborde en priorité l’actualité vaudoise pour différents publics. A l’issue de cette aide, ce crédit exceptionnel, tout comme ceux liés à la crise Covid-19 seront examinés par le Contrôle cantonal des finances», précise Laurent Koutaïssoff, vice-chancelier vaudois.

Des achats et réservations d’espaces publicitaires sur les thématiques sanitaires, économiques et sociales ont donc été réalisés dans la presse pour un premier montant de quelque 850’000 francs. Sur cette somme, 540’000 sont déjà allés aux 13 titres locaux regroupés dans l’association Vaud Presse. «Nous avons aussi financé des campagnes d’annonces dans des journaux comme 24 Heures, mais aussi Le Courrier genevois, Le Nouvelliste valaisan ou La Liberté fribourgeoise, parce qu’ils couvrent aussi l’actualité vaudoise», relève encore le vice-chancelier.

«Pour les organes de type politiques – et non généralistes – comme Gauchebdo et quelques autres toutes tendances confondues rien n’est prévu», conclut le vice-chancelier. Leur contribution à l’animation du débat public et démocratique (tant vantée par ceux qui versent des larmes de crocodile sur l’avenir de la presse) ne doit sans doute rien valoir.