Le Locle et les arts urbains

Neuchâtel • Et si le Locle devenait l’un des lieux incontournables de la scène «Urban Art»? C’est le pari de la «Luxor Factory, Résidence-atelier pour artistes».

Une œuvre monumentale du collectif d’artistes basé à Paris, MonkeyBird accueille désormais touristes et citoyens sur la toute nouvelle gare des bus, les pistes cyclables et piétonnes du centre-ville. (DR)

En moins de deux ans, plus d’une douzaine d’œuvres sont ainsi venues couvrir les murs de la Mère commune des Montagnes neuchâteloises. Responsables de La Luxor Factory, Sylvie et François Balmer déploient progressivement le concept «Le Locle, Musée à Ciel ouvert». Attirant nombre d’artistes internationaux tels que Nasty, Colomina, Lunar, NesPoon, Ardif, Levalet ou M. Chat, pour ne citer qu’eux, Le Locle peut se prévaloir de productions et réalisa- tions grandioses. Une œuvre monumentale du collectif d’artistes basé à Paris, MonkeyBird (retranscrivant des thèmes sociaux en fables murales, ndlr) accueille désormais touristes et citoyens sur la toute nouvelle gare des bus, les pistes cyclables et piétonnes du centre-ville.

Foisonnement créatif

Cet été encore, différents créateurs œuvreront à nouveau dans la cité. L’artiste suisse LPVD*A sera au rendez-vous. Pour cause de pandémie, certaines interventions prévues au printemps ont dû être différées. Néanmoins la venue de plusieurs grapheuses et grapheurs internationaux est en bonne voie. Soutenu notamment par nombre de propriétaires, le service de l’urbanisme et celui de la culture, ce projet «Urban Art» semble de sur- croît trouver, au sein de la population, l’adhésion de toutes et tous.

Ouverture sur la cité

Ouvert sur la cité, cet art engagé, parfois abstrait, souvent figuratif, se caractérise par son accessibilité et son esthétisme. On est loin de la violence symbolique que peuvent dégager – intentionnellement ou non  – certaines institutions muséales, élitistes, véritables repoussoirs pour les classes populaires.

Le musée des Beaux-Arts du Locle s’inscrit par ailleurs pleinement dans cette conception de musée ouvert sur la Ville. Sa conservatrice, Nathalie Herschdorfer, avait programmé il y a quelques années, le spectacle Les règles de l’Art, tiré du célèbre ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu (1930- 2002). Celui-ci montrait les rouages et l’instrumentalisation de l’Art par les élites, tant sur le plan financier que politique. En 2019, Mme Herschdorfer offre une tribune au grapheur français Codex Urbanus, en collaboration avec «La Luxor Factory».

Jusqu’en septembre 2020, une exposition est dédiée à Chapatte et aux caricaturistes internationaux, agitateurs et vecteurs de conscience. Ce type de créations est d’autant plus important que certains ont payé de leur vie leur engagement ou ont été sacrifiés sur l’autel de la censure préventive, désormais préconisée par certains titres de la presse (New York Times).

De plus, le musée expose régulièRement de manière extra-muros des photographies monumentales le long de la rue Marie-Anne-Calame. Il est vrai que la marque de fabrique du musée des Beaux-Arts du Locle et de sa conservatrice reste la photographie. Accessible, bien qu’exigeant, ce matériel permet de démystifier le capital culturel des dominants en démocratisant la culture, voire, à terme, en la popularisant. Avec «Le Locle, Musée à Ciel ouvert» et le patrimoine loclois et chaux-de-fonniers inscrit à l’UNESCO, l’été sera culturel dans les Montagnes neuchâteloises, l’art se réappropriant la rue.