Coup de semonce contre les avions

Votation • Le comité genevois contre l’achat de nouveaux jets de combat a lancé sa campagne contre une dépense de luxe de 24 milliards.

«En 2014, la population suisse refusait l’achat de 22 Gripen-E suédois pour un montant de 3,1 milliards de francs. Aujourd’hui, un nouveau projet est sur la table, cette fois pour un montant de 6 mil- liards. Cependant, comme le souligne le co-secrétaire politique du GSsA Thomas Bruchez, «au moment de la votation, nous ne connaîtrons ni le type ni le nombre d’avions achetés. Le projet est beaucoup plus flou. Cette manière de procéder est profondément anti-démocratique», estime-t-il. «

De plus, ces 6 milliards ne correspondent qu’au prix d’achat. Sur toute leur durée de vie ces avions coûteront 24 milliards aux contribuables. Cela revient tout simplement à jeter de l’argent par les fenêtres, surtout dans le contexte actuel!», ajoute-t-il. Ce constat est partagé par le président de la CGAS, Davide De Filippo, selon qui cet argent serait bien mieux investi ailleurs. «Aujourd’hui, dans le sillage du Covid-19, les licenciements collectifs se multiplient. Les milliards dépensés pour ces avions de combat de luxe permettraient d’éviter que de nombreuses personnes ne se retrouvent sur le carreau. Il permettrait aussi de se doter d’un vrai congé parental, d’une AVS sans augmentation de l’âge de la retraite des femmes ou d’une amélioration de l’assurance- chômage».

Le comité unitaire a également fortement insisté sur le caractère dis- proportionné de cet achat par rapport aux besoins de la Suisse. Carlo Sommaruga, conseiller aux États PS, défend le projet B de son parti: «Des avions de combat légers tels que le Leonardo M-346 italien, avec un système de défense au sol suffiraient amplement pour répondre aux besoins de la police du ciel et cela à la moitié du coût. Le projet d’acquisition proposé n’est rien d’autre qu’un luxe inutile, basé sur une vision dépassée», a-t-il expliqué.

Guillaume Brulhart, membre du comité des JVL, critique quant à lui le nombre d’avions que le DDPS ambitionne d’acheter. «L’achat de 30 à 40 avions de combat ne se justifierait qu’en cas de guerre conventionnelle. Or, selon le Conseil fédéral lui-même estime que ce scénario est peu probable. Il faut donc revoir la copie et proposer un projet moins volumineux», explique-t-il. «L’Autriche a acheté 18 avions pour 3 milliards, alors que la Suisse en veut le double, il y a un problème», a-t-il ajouté.

Quant à Florian Baier, président du PEV-Genève, il estime qu’«acheter de nouveaux avions de combats en ce moment est prématuré et irresponsable». Pour lui, «on peut tout à fait être pour l’armée et considérer que cette dépense est excessive et ne correspond pas à un besoin de défense actuel et pressant.»

Le comité a finalement abordé la question des menaces sécuritaires planant sur la Suisse. Comme l’a expliqué Delphine Klopfenstein Broggini, conseillère nationale verte, parti qui avait refusé l’entrée en matière sur l’achat de nouveaux avions, «ces milliards seraient bien mieux investis pour faire face à des scénarios de menace réalistes tels que les pandémies, les cyber-risques ou encore la crise climatique.» «Sur ce point, ces avions n’auront pas d’utilité et renforceront même la pression sur le climat du fait de leur impact environnemental catastrophique», a- t-elle expliqué.