La fonction publique à nouveau dans la rue

Genève • Les personnels des services publics se sont mobilisés pour une nouvelle journée de grève et protestation contre le projet de budget de l’Etat.

Plus de 6000 personnes sont descendues dans les rues pour s’opposer à la cure d’austérité du Conseil d’Etat. (JSo)

Le jeudi 29 octobre, la fonction publique manifestait pour demander le retrait de deux projets de loi visant à économiser 100 millions de francs. Le premier veut une baisse de 1% des salaires, le second la suppression de l’annuité 2021.

Devant le Grand Théâtre, un syndicaliste du travail social s’indigne face à la foule massée: «Le Conseil d’État (CE) nous reproche de ne pas faire de propositions mais nous en avons. Il faut taxer les plus riches, ceux qui s’en sortent très bien, les 1% les plus fortunés… Il est là le fric». Ceci peu de temps avant le départ de la manifestation en direction de la Place des Nations. Alors que la tête du cortège atteint le pont du Mont-Blanc, on entend à la radio d’un policier que les dernier.ère.s manifestant.e.s viennent de quitter la Place de Neuve, à un kilomètre de là. On dénombre environ 6000 personnes. Mais elles en paraissent le double, scandant et montrant leur détermination à faire reculer le CE.

Le Cartel intersyndical ouvre la marche, suivi d’aides-soignantes qui tambourinent. Viennent ensuite le Syndicat des services publics et le Syndicat interprofessionnel des travailleur.euse.s (SIT). Sur la banderole de ce dernier, on peut lire: «Réanimez les salaires des métiers soignants, depuis bien trop longtemps aux soins intensifs!». La veille, le personnel soignant affrontant la seconde vague pandémique, se rassemblait devant les Hôpitaux Universitaires de Genève. Ceci pour revaloriser leur travail, dans le cadre d’une semaine de mobilisation.

Convergence des luttes

A la suite du SIT, le travail social «en lutte», la Société genevoise d’intégration des adolescent.e.s et adultes handicapés, les Établissements publics d’intégration «en colère» ou encore, parmi d’autres, les enseignant.e.s du Cycle d’orientation martèlent à l’unisson que «de l’argent il y en a, dans les caisses du patronat!». En fin de cortège, les étudiant.e.s et personnels des Hautes écoles, sont accompagnés par le «Bloc Jeunes», formé des Jeunes POP, Socialistes, Verts et Solidaires, ainsi que de la Grève du climat. «C’était touchant de voir des milliers de personnes dans la rue manifester pour leurs droits et montrer qu’ils ne soumettent pas à la volonté du patronat et de la bourgeoisie et qu’ils continueront à se battre contre ces mesures nauséabondes», nous confie Forlan, membre des jeunes Popistes, à l’issue de la manifestation et avant de conclure, «la jeunesse veut construire son futur de manière juste et équitable». A bon entendeur.

Alors que les négociations avec le CE sont au point mort, les regards se tournent désormais vers ce gouvernement cantonal. A la crise sanitaire, dont les conséquences économiques et sociales ne font que s’accentuer, le CE est-il prêt à ajouter une crise politique, au risque de faire déborder le vase?