Alliés, mais pas trop!

Jura • Tant à gauche qu’à droite, les partis ont été plutôt discrets sur leur soutien aux candidat.e.s du parti «allié».

Lors du second tour de l’élection du Gouvernement, le chrétien-social David Eray a sauvé son siège avec près de 40% des suffrages aux côtés des quatre autres sortant.e.s (2 PS, 1 PDC, 1 PLR). Pourtant, c’était le seul candidat qui ne bénéficiait pas du soutien d’un autre parti et l’électorat de son parti dépasse à peine 10%. Sixième au premier tour, Il a bénéficié d’un grand sursaut franc-montagnard pour maintenir un ministre de ce district, mais aussi d’un nombre important de voix d’électeurs de gauche qui ne voulaient pas d’une majorité de droite au Gouvernement, surtout que le second candidat PDC, Stéphane Babey, représentait plutôt l’aile droite de son parti. Mais cela n’explique pas tout.

A droite, PLR et PDC ont certes décidé d’appeler à voter l’un pour l’autre, mais dans le Jura, il y a encore des tabous politiques: le PDC ne peut pas appeler à voter PLR en le nommant, et vice-versa. Ainsi le PLR a recommandé de voter pour son candidat et «les autres candidats de droite et du centre droit» et le PDC pour «les candidats du PDC et de la droite», tout cela sans nommer le(s) candidat(s) de l’autre parti! Les électeurs de ces partis ne devaient pas tous être au courant de cette alliance, ou du moins, n’ont de loin pas tous suivi la recommandation, car le score de Stéphane Babey (PDC non élu) est nettement inférieur au pourcentage de l’électorat de droite.

Pas de dynamique d’union à gauche

Les Verts, comme CS-POP, avaient appelé à soutenir l’ensemble des cinq candidat.e.s de gauche dès le premier tour, ce que n’avait pas voulu faire le PS. Lors du congrès qui suivit ce premier tour, le PS s’est décidé à soutenir aussi la candidate verte, Céline Robert-Charrue Linder. Mais cette info ne s’est trouvée qu’à l’intérieur d’un article plus général dans le Quotidien jurassien (sans sous-titre à ce sujet) et dans quelques bulletins d’information du moment dans les médias audio-visuels. Ensuite, «silence radio»! On ne trouve l’expression de ce soutien dans aucun communiqué, tract ou publicité du PS, et non plus sur le site internet.

Et lorsque le Quotidien jurassien demande aux candidat.e.s quelle composition gouvernementale ils ou elles souhaitent, les deux socialistes n’évoquent pas la candidature verte et une éventuelle majorité de gauche, à part peut-être une allusion indirecte de Rosalie Beuret. En revanche, la candidate verte a répondu qu’elle souhaitait siéger avec les deux socialistes. Mais dans leurs communiqués, les Verts s’en sont aussi tenus au soutien à leur candidate. Bien sûr, on ne peut pas affirmer qu’avec une union dès le premier tour Céline Robert-Charrue aurait été élue, mais ses résultats auraient été nettement meilleurs et auraient ainsi généré de plus grands espoirs pour la gauche lors de prochaines échéances.