Hommes et femmes à la tête des États

La chronique féministe • Sur les 7 pays ayant le moins bien géré la pandémie du Covid-19 et les 7 qui l’ont gérée le mieux… les 7 premiers sont dirigés par des hommes, les 7 autres par des femmes.

Quand j’ai écrit ma chronique sur la façon dont les hommes et les femmes exercent le pouvoir (GH 30.10.20), un fait m’avait échappé, que m’a rappelé mon fils en m’envoyant un tableau sur les 7 pays ayant le moins bien géré la pandémie du Covid-19 et les 7 qui l’ont gérée le mieux… les 7 premiers sont dirigés par des hommes, les 7 autres par des femmes. Regardons cela de plus près.

Les 7 pays les plus affectés par le coronavirus
Les USA, Donald Trump, né le 14 juin 1946, 74 ans, Président des États-Unis depuis le 20 janvier 2017. Le Brésil, Jair Bolsonaro (21.3.1955, 65 ans), Président de la République fédérative du Brésil depuis le 1er janvier 2019. La Russie, Vladimir Poutine (7.10.1952, 68 ans), figure centrale de l’exécutif, alternativement comme président du gouvernement et président de la fédération de Russie, depuis le 31 décembre 1999. L’Espagne, Pedro Sánchez (29.2.1972, 48 ans), membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Président du gouvernement depuis le 2 juin 2018.

Le Royaume-Uni, Boris Johnson (9.6.1964, 56 ans), chef du Parti conservateur, Premier ministre depuis le 24 juillet 2019. L’Italie, Giuseppe Conte (8.8. 1964, 56 ans), politiquement indépendant mais proche du Mouvement 5 étoiles, Président du Conseil des ministres depuis le 1er juin 2018. La France, Emmanuel Macron (21.12.1977, 42 ans), Président de la République depuis le 14 mai 2017.

Les 7 pays reconnus pour avoir le mieux géré la crise

L’Allemagne, Angela Merkel (17.7.1954, 66 ans), membre de l’Union chrétienne-démocrate, Chancelière fédérale depuis le 22 novembre 2005. Taïwan, Tsai Ing-wen (31.8.1956, 64 ans), membre du Parti démocrate progressiste, Présidente de la République depuis le 20 mai 2016.

La Nouvelle Zélande, Jacinda Ardern (27.7.1980, 40 ans), Première ministre depuis le 26 octobre 2017. L’Islande, Katrin Jakobsdóttir (1.2.1976, 44 ans), écologiste, féministe, antimilitariste, Première ministre depuis le 30 novembre 2017. La Finlande, Sanna Marin (16.11.1985, 35 ans), présidente du Parti social-démocrate de Finlande, Première ministre depuis le 10 décembre 2019. La Norvège, Erna Solberg (24.2.1961, 59 ans), membre du Parti conservateur, Première ministre depuis le 16 octobre 2013. Le Danemark, Mette Frederiksen (19.11.1977, 43 ans), de la Social-démocratie, Première ministre depuis le 27 juin 2019.

À part Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 20 ans, et Angela Merkel, depuis 2005, les autres chef.fe.s d’État ne le sont que depuis 2 à 4 ans (exception: Erna Solberg, qui dirige la Norvève depuis 7 ans). Parmi ces responsables, 4 ont dépassé l’âge de la retraite: Trump, Poutine, Bolsonaro, Merkel. 3 hommes dans le mauvais camp gestionnaire de la crise, une femme dans le bon. Certain.e.s sont jeunes: Emmanuel Macron, Jacinda Ardern, Katrin Jakobsdóttir, Sanna Marin, Mette Frederiksen. La Finlandaise détient le record avec 35 ans. Un homme dans le mauvais camp, 4 femmes dans le bon.

Il semble donc qu’il y ait des données défavorables à la gestion d’un pays: être un homme, âgé, au pouvoir depuis longtemps… et psychopathe! Au contraire, être une femme, jeune, semble être des caractéristiques positives.
Jacinda Ardern a été brocardée au début de son mandat (vive la misogynie!) mais rapidement, elle se révèle une Première ministre alliant un mélange de fermeté et d’empathie dans la gestion des crises successives (attentats de Christchurch, éruption du White Island, pandémie du Covid-19), devenant une des personnalités politiques les plus influentes au monde. Elle remporte, avec le Parti travailliste, les élections législatives de 2020, obtenant le score le plus important depuis 1946, avec plus de 50% des voix, et la majorité absolue des sièges, une première depuis l’introduction du système de représentation proportionnelle-mixte en 1996.

Les femmes cheffes d’État sont 21 sur quelque 200 pays du monde, ce qui représente 10%. Toutes avaient un homme pour prédécesseur. Il en faudrait beaucoup plus, évidemment, la moitié, pour faire bonne mesure.
Sans parler de l’attitude aberrante de Trump qui, après 2 semaines, s’entête à ne pas reconnaître sa défaite et excite «ses troupes» (ce personnage étant hors normes). J’avais été frappée, pendant la campagne électorale, au Texas, par un type excité, casquette rouge sur le crâne, dans une grosse bagnole américaine. De larges cornes de taureau en ornaient l’avant, prêtes à embrocher les passants. Même les voitures sont agressives, parmi les pro-Trump. Je me suis dit que, jamais, une femme se baladerait dans une voiture pareille.

En observant la politique suisse, je pense qu’il y a trop d’hommes âgés, figés, tournés vers le passé, notamment au niveau fédéral. L’UDC Ueli Maurer, 70 ans, remplit des mandats depuis… 1983. 16 ans avant Poutine! Il devient conseiller fédéral en 2008.

Mais il y a de l’espoir du côté des femmes. Au National, après les élections de 2019, avec 83 sièges sur 200, elles ont passé de 32% à 42%, même si aux États, elles ne sont que 12 sur 46, soit 26%. À l’évidence, il y a encore un déséquilibre. L’âge moyen des parlementaires pour la législature 2019-2023 est de 49 ans contre 50,3 ans lors de la précédente. Le plus jeune a 25 ans et le plus vieux 72. Les femmes mettent en priorité une politique d’égalité, la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, et surtout, ce dont nous avons le plus besoin, l’environnement.
Parmi elles, je citerais la Verte genevoise Lisa Mazzone (1988, élue au Conseil National en 2015, au Conseil des États en 2019), la Verte neuchâteloise Céline Vara (1984, CN 2015, CE 2019), Delphine Klopfenstein Broggini (1976), conseillère nationale depuis 2019, nouvelle présidente des Verts genevois, qui parle les 4 langues nationales, défend la cause écologiste entre Berne et Genève. Elle a été pressentie pour le Conseil d’État genevois, mais elle préfère accomplir son mandat à Berne.

Trois femmes, jeunes, du parti Ecologiste. Ce n’est pas un hasard: il est indispensable que les citoyen.ne.s prennent conscience de l’importance de l’environnement, afin de préserver la planète et de donner un avenir aux jeunes, comme l’a si bien compris Greta Thunberg. À ce propos, il est intéressant d’observer les arguments fallacieux de celles et ceux qui s’opposent à l’initiative «Pour des multinationales responsables». Visiblement, pour ces gens-là – majoritairement de droite – l’environnement et les droits humains ne font pas partie de leurs préoccupations… C’est pourquoi ces trois femmes, notamment, portent les espoirs d’un monde plus juste.