La Pologne se blinde

Il faut le dire • Si tout semble avoir été dit sur le régime liberticide de Budapest, la Pologne n’est pas en reste.

La Pologne de Mateusz Morawiecki et de son vice-président Jarosław Kaczynski, chef du parti nationaliste et ultraconservateur Droit et justice, ainsi que la Hongrie de Viktor Orban ont décidé de bloquer le Plan de relance européen pour soutenir la croissance, particulièrement en berne dans les États du Sud du continent. Rappelons que ce plan se monte à 750 milliards d’euros (dont 360 de prêts et 390 de subventions). Les deux États ne veulent pas que le versement de ces sommes soit soumis à des critères généraux d’indépendance de la justice ou de respect des droits humains. Si tout semble avoir été dit sur le régime liberticide de Budapest, la Pologne n’est pas en reste. Tenante de la ligne dure en matière d’asile, tout en recevant de nombreuses subventions européennes, elle refuse d’accueillir des réfugié.e.s, d’autant plus quand ils.elles sont originaires de pays musulmans. Le gouvernement a ferraillé contre tout plan de relocalisation et de politique de quotas, défendus par la Commission européenne.

Depuis quelques semaines, c’est le droit des femmes qui est particulièrement attaqué par ce pays. Les manifestations et actions de blocage sont quotidiennes à Varsovie. Mais aussi dans de nombreuses villes à travers le pays. En cause: une décision de justice qui renforce une des législations les plus restrictives en Europe. Le Tribunal constitutionnel a ainsi jugé illégale l’IVG même en cas de malformation grave du foetus. Cette décision limite le droit à l’avortement aux seuls cas de danger de mort pour la femme enceinte et de grossesses résultant de viol ou inceste. Chaque année, moins de 2’000 avortements légaux ont lieu en Pologne, dont une grande majorité en raison de foetus malformés. Les groupes féministes estiment dans le même temps que plus de 200’000 IVG sont réalisées illégalement ou à l’étranger.

Parmi les autres revendications de cette grève féministe polonaise, on trouve la reconnaissance des droits des personnes LGBT, des personnes handicapées, des minorités nationales, ethniques et religieuses, ainsi que la demande de garantie d’élections et de médias libres ou une enquête indépendante pour les cas de pédophilie dans l’Église catholique. Pour Jaroslaw Kaczynski, ces manifestations pacifiques ne sont rien d’autre que des «tentatives de détruire le pays». On ne se refait pas.