Le social, parent pauvre du budget

Genève • Les employés du secteur social ont mené une action pour demander un renforcement des postes sur fond de débat budgétaire tendu et d’attaques contre la fonction publique.

Les syndicats SSP et SIT ont mené une action symbolique en cassant une pignata remplie de mauvaises nouvelles afin de dénoncer la casse dans le social. (JDr)

Il n’y a pas que les infirmier.ère.s ou les commerçant.e.s, du fait de la fermeture des magasins sur le canton, qui souffrent de cette période de pandémie. Cette semaine, les syndicats SSP et SSP ont mené une action devant la Haute école de travail social, pour dénoncer, témoignages à l’appui, des difficultés des travailleurs et travailleuses dans les institutions socio-éducatives à Genève. Rappelons que le secteur social est composé d’assistant.e.s sociaux.ales, d’éducateurs.trices, d’assistant.e.s socio-éducatifs, du personnel de soutien (cuisine, nettoyage, secrétariat,…) travaillant dans le domaine du handicap, de l’animation, des foyers pour jeunes en difficulté, de la migration, de l’addiction, de l’aide aux personnes précaires, d’aide aux personnes âgées, des écoles spécialisées etc. Ce secteur regroupe des travailleuses et travailleurs ayant des revenus très disparates, avec un salaire à 2’700 francs par mois pour le parascolaire. «Cela fait des années que le secteur social demande une revalorisation des postes ainsi qu’une meilleure valorisation de métiers parfois complexes. Les travailleuses et travailleurs sont à flux tendu depuis trop longtemps et cela ne fait que s’empirer», explique une militante SIT.

«Le covid a lourdement péroré la situation de nombreux bénéficiaires, tout d’abord sur le plan sanitaire avec des décès, entre autre dans les EMS mais aussi dans le domaine du handicap avec des résident.e.s qui souffrent régulièrement de comorbidité, qui sont donc des personnes à risques. Sur le plan social, des personnes vivant de petits travaux de l’économie parallèle se retrouvent isolé.e.s en demande d’aide, ce que l’on constate notamment avec les distributions de nourriture aux Vernets», selon Nabil, militant SSP.

La période actuelle augmente aussi considérablement la travail comme ont témoigné plusieurs intervenant.es. «Il nous arrive de travailler 12 heures par jour ou 60 heures par semaine. Nos plannings, qui doivent nous être annoncés un mois à l’avance, ne sont plus respectés. Le personnel manque et nous devons acheter nous-mêmes des masques FFP2 du fait de notre proximité avec nos usager.ère.s», atteste une assistante sociale travaillant auprès de personnes handicapées.

Cahiers de revendications

Face à cette situation, les syndicats demandent un renforcement des moyens tant humains que financiers. Pour le reste, les revendications de ce secteur rejoignent celles des autres employé.e.s de la fonction publique. Ils.elles exigent le retrait du gel de l’indexation des salaires, du projet de loi visant à supprimer une annuité sur deux pour les quatre prochaines années ainsi que de revoir le plan de recapitalisation de la CPEG qui aura des conséquences pérennes sur les salaires de plus de 40’000 salarié.e.s. Pour Quentin Stauffer, secrétaire syndical du SSP, «le secteur social, de même que le reste de la fonction publique ne doit pas être la variable d’ajustement du budget cantonal». Alice Lefrançois, secrétaire syndicale au SIT ajoute que «l’argent peut-être trouvé ailleurs, chez les grandes entreprises qui ont fait du bénéfice pendant la crise, en arrêtant de faire des cadeaux fiscaux. Les syndicats demandent donc une meilleure répartition des richesses».

Pour l’heure, le Conseil d’État s’est borné à retirer son PL 12781 de baisse des salaires de 1% sur tous les traitements. Une journée de grève et de mobilisation se déroulait le mercredi 18 novembre pour exiger le retrait du paquet d’économies. En coulisses et en prévision des débats budgétaires du début décembre, un accord a été trouvé entre le Conseil d’Etat et les partis gouvernementaux. L’annuité 2021 des fonctionnaires serait supprimée. En contrepartie, l’exécutif créerait 350 nouveaux postes. Le déficit affiché serait de 800 millions. «Ces décisions se prennent dans le dos des syndicats, qui ont été évincés des discussions avec le Conseil d’État pour avoir maintenu leur grève. Le nombre de postes créés est aussi notoirement insuffisant, étant donné qu’au moins 199 d’entre eux ne servent qu’à une stabilisation de la situation dans les institutions», commente Quentin Stauffer.