Sondage de quartier, plus de démocratie

Vaud • Le POP Lausanne lance son troisième sondage de quartier concernant la Borde. Une occasion de mettre la parole des habitant.e.s au premier plan. Et d’offrir une autre vision de l’urbanisme et de la démocratie.

Vue de la Place du Tunnel, au bas de la rue de La Borde à Lausanne. (Gzzz)

Quelle est la place du sondage en politique? En octobre dernier, la presse parlait du syndic de Nyon pour avoir commandé un sondage auprès des habitant.e.s de sa commune. D’un coût de 10’000 francs, l’opération devait lui permettre de préparer les élections du printemps 2021. Il a refusé d’en rendre les résultats publics, suscitant la polémique parmi ses concitoyen.ne.s. Plus généralement, les sondages, cela peut aussi être des appels téléphoniques non souhaités, des questions plus ou moins tendancieuses, des formulaires plus ou moins crédibles proposés par les journaux en ligne.

Cap au meilleur ou au pire

Tous ces exemples nous rappellent que les sondages mêlent souvent le meilleur avec le pire. Du côté positif, les sondages s’intéressent à l’opinion de la population, et donnent la parole à chacun.e d’une manière simple. Côté négatif, leurs questions ne sont pas toujours neutres, elles nous prennent souvent de court et ne permettent pas une vraie discussion. Et surtout, leurs résultats sont souvent utilisés en priorité comme des informations devant servir des intérêts privés. Alors comment intégrer le sondage dans une démarche réellement démocratique, dans une démarche qui donne du pouvoir à la population?

Un sondage de quartier du POP, ce n’est pas seulement un formulaire à remplir. Ce sont aussi stands, rencontres avec les associations du quartier. Mais aussi des occasions d’échanger avec les personnes ou les collectifs qui s’impliquent sur leur lieu de vie. Le sondage est aussi un outil simple, pour permettre aux passant.e.s de tous âges et de toutes origines de se prononcer. Sur la Riponne, il s’accompagnait d’une carte géante de la place, où petits et grands pointaient les lieux qui les intéressaient. A la Bourdonnette, des femmes d’un cours de français parlaient du souci que leurs enfants évitent les mauvaises fréquentations. A la Borde, deux retraités étrangers comptaient leurs années en Suisse et racontaient les espaces de verdure cachés du quartier. Un public que l’on ne touche généralement ni par sondages téléphoniques ou réunions d’urbanisme.

Interrogations ouvertes et relais

Les sondages du POP ont des questions simples et assez ouvertes: ma relation au quartier, ce que j’aime, n’aime pas, aimerais. Ces sondages ne sont pas de simples «aides à la décision» pour les responsables politiques; ce sont des manières de donner la parole à la population. Le rôle du POP n’est donc pas seulement de récolter des réponses, mais aussi de faire un retour dans le quartier, et de relayer au niveau politique ce qui nécessite de l’être.

La vision ressortant des sondages est souvent différente de celle qui apparaît dans les médias ou les débats politiques; et c’est peut-être aussi une autre approche de l’urbanisme qui en surgit. Le quartier n’est plus traité selon des enjeux généraux de logement, de mobilité, de sécurité, mais comme un lieu à vivre, qui ne se réduit pas à diverses fonctions. Et naturellement, les intérêts commerciaux ou spéculatifs ne se trouvent plus au premier plan.

Ainsi, la Place de la Riponne était largement identifiée comme lieu de marché, et la problématique de deal apparaissait de manière beaucoup plus discrète, en particulier pour les personnes habitant Lausanne. A la Bourdonnette, c’est le manque de commerce répondant aux besoins qui ressortait, loin devant d’autres sujets plus médiatisés. En général, les infrastructures publiques telles que les postes de quartier sont plébiscitées. Les sondages de quartier contribuent à rendre visible ce regard sur la ville, souvent occulté.

Les sondages de quartier participent aussi à une vision de la politique qui ne se fait pas simplement pour la population mais avec elle. Beaucoup l’ont sans doute vécu et apprécié: les stands ne se résument pas à des distributions de tracts ou des récoltes de signatures. Ce sont des moments de débats, des occasions d’entendre idées et histoires qui alimenteront notre engagement. C’est un élément essentiel à une politique populaire ; et si nous le défendons de différentes manières, les sondages de quartier lui donnent une forme claire et une nouvelle visibilité!

Pour donner votre avis sur le quartier de la Borde, rendez-vous sur: https://popvaud.ch/questionnaire-quartiers