Mauvais sketch hivernal

Il faut le dire • A l’heure de cette cacophonie, il serait pourtant de bon aloi de se replonger dans le rapport annuel de l’Observatoire Suisse du Sport.

La fin d’année approchant, la question de savoir si les skieurs pourront dévaler leurs pistes favorites provoque une giboulée bien de saison d’interventions politiques et administratives. Rappelons que l’année dernière à l’occasion des vacances de Pâques, Verbier avait annoncé une explosion de cas de Covid-19. Peu de temps avant, la station autrichienne d’Ischlg s’était transformée elle aussi en «hot spot» de la pandémie.

Autant dire que les sports d’hiver et leur concentration de vacanciers en mode potentiellement cluster ont de quoi inquiéter autorités sanitaires et gouvernements. Mais à des degrés divers et en ordre dispersé. Preuve en est la gamme de décisions prise récemment et frisant parfois le capharnaüm de plein brouillard. Alors que l’Allemagne, Andorre et l’Italie ont préféré fermer leurs stations, la France a opté pour les laisser ouvertes… tout en scellant les installations de remontées mécaniques. Quant à la Suisse, l’Autriche ou la Slovénie, les trois pays ont choisi de faire cavaliers seuls et de déconfiner les pistes. Sous la pression de stations valaisanes, le domaine skiable devrait être accessible dans les Alpes, histoire de préserver le secteur touristique helvétique.

Or, dans le même temps, le secteur hospitalier se demande comment il pourra gérer les accidents de ski, la grippe saisonnière et les cas de Covid-19. Pour mémoire, le Valais a été le premier canton romand à décréter des mesures sanitaires très restrictives alors qu’il était confronté à une seconde vague mettant sous extrême tension son système de soins.

Derniers événements en date: face à la colère des saisonniers savoyards et les risques de voir les Français skier en Suisse, Emmanuel Macron a agité la menace d’une fermeture de la frontière franco-suisse. L’Allemagne, elle, devrait tenter de dissuader ses ressortissants de se rendre sur les pistes autrichiennes, en leur imposant une quarantaine de 10 jours à leur retour. Qui s’y retrouve?

A l’heure de cette cacophonie, il serait pourtant de bon aloi de se replonger dans le rapport annuel de l’Observatoire Suisse du Sport. Dans sa dernière édition, il rappelle que de tout temps, le statut social a marqué le comportement sportif. «Le taux de non-sportifs est nettement plus élevé parmi les personnes dont l’instruction et les revenus sont faibles», peut-on y lire, ce qui aboutit aussi à une hiérarchisation des sports entre disciplines de prestige et populaires. En Suisse, 27% de la population ne pratique aucun sport. Alors, qui lèvera cet obstacle à l’accès à l’activité physique avant même de parler de l’ouverture des pistes.