L’histoire suisse et romande en cartes

La cartographie suisse s’enrichit de deux Atlas historiques publiés en 2020.

La Suisse dans l'Europe au milieu du 16e siècle. (PJt)

Sait-on que le dernier atlas historique de la Suisse a été publié en 1951, soit il y a septante ans? Au vu des connaissances archéologiques et historiques nouvelles, il fallait en proposer une nouvelle mouture, qu’a permise aussi la révolution du numérique.

Les Editions Livreo-Alphil offrent à un large public un ouvrage tout simplement remarquable. Il est l’oeuvre de l’enseignant au gymnase Marco Zanoli pour les cartes, et de l’éminent historien François Walter, déjà auteur d’une Histoire de la Suisse qui a fait date, pour les textes. Le livre présente l’histoire de la Suisse en vingt-cinq chapitres qui comprennent tous un texte d’introduction clair, précis et accessible à tous, et au moins trois cartes. Si cet atlas privilégie la dimension politique, qui explique les transformations territoriales, les éléments économiques (ainsi par exemple le réseau des routes romaines et celui des chemins de fer suisses vers 1860 puis avant 1914) n’en sont point absents. Ni d’ailleurs l’histoire religieuse ou sociale: on en voudra pour exemple la carte des interventions de l’armée pour le service d’ordre jusqu’en 1914.

L’ensemble de ces cartes est d’une excellente lisibilité par leur unité de style et par l’emploi judicieux des couleurs. Elles complètent parfaitement les synthèses historiques qui les accompagnent, et vice versa. Grâce à elles, pour ne citer que ces deux cas, on comprend mieux l’aspect discontinu des territoires appartenant au duché de Bourgogne, ou au contraire la continuité territoriale de ceux de la maison de Savoie. Très intéressantes aussi sont les cartes montrant le développement des cités-Etats comme Berne et Zurich. Une autre qualité de l’ouvrage tient au fait que la «Suisse» – car notre pays n’a pas porté ce nom depuis le paléolithique! – est insérée dans un ensemble comprenant aussi les régions voisines: Nord de l’Italie, Allemagne du Sud, France de l’Est. On ne peut donc que féliciter les auteurs de cet atlas de nous offrir un instrument de compréhension fort utile.

Un atlas des «pays romands»

L’autre atlas s’attache plus précisément au destin historique des pays romands. Pourquoi se restreindre à eux? Parce qu’il n’était pas inscrit dans leurs gènes qu’ils feraient un jour, tardivement à l’exception de Fribourg, leur entrée dans la Confédération. L’ouvrage se réfère aux cartes historiques publiées dans le mensuel Passé simple créé et dirigé avec talent par Justin Favrod.

A raison d’une carte par siècle, il nous mène de l’an 1 à 2001, c’est-à-dire de la romanisation de la «Romandie» à la configuration actuelle de la Suisse, comprenant le nouveau canton du Jura depuis 1979. Les cartes ont été créées par Christophe Nüssli qui, dans un chapitre liminaire, s’explique sur les problèmes cartographiques qu’il a rencontrés et les solutions qu’il leur a apportées. Comme pour l’Atlas historique de la Suisse, chaque carte est accompagnée par un texte adapté à un large public. Relevons enfin la qualité des illustrations qui enrichissent l’ouvrage et contribuent à rendre sa lecture agréable.

Marco Zanoli (cartes) et François Walter (textes), Atlas historique de la Suisse. L’histoire suisse en cartes, Neuchâtel, Editions livreo-Alphil, 2020, 195 p.
Christos Nüssli, Atlas historique des pays romands, Colombier, Ed. Attinger et Moudon, Passé simple, 2020, 64 p.