Revenu de base inconditionnel?

Il faut le dire • L'instauration d’un revenu de base inconditionnel refusé il y a quelques années, et largement critiqué dans nos milieux, ne permettrait-elle pas aujourd’hui de passer le cap avec moins de dégâts sociaux?

Depuis bientôt 1 an, nous sommes pris dans la tourmente de la pandémie due au SARS-CoV-2. Maintenant, la survenue de la variante «anglaise» du virus vient compliquer la réponse sanitaire. Et retarde la probable sortie de crise que l’apparition de vaccin permet d’espérer. D’où un défi majeur, au moins encore pendant ces 2 prochains mois: devoir à la fois vacciner le plus vite et le plus de monde possible, au moins les gens le plus à risque (cela représente près de 1,5 million de personnes). Ceci avec des vaccins qui commencent seulement, depuis quelques semaines, à être produits en grande série. Mais aussi continuer à tracer les cas positifs à la Covid-19 pour éviter autant que possible de surcharger le système de soin déjà encombré. C’est dire que la probabilité de garder ou même d’augmenter l’arrêt de nombreuses activités économiques est grande pour les prochaines semaines.

On sait – et chacun a pu l’observer au printemps 2020 – que plus on reste chez soi, moins on permet au virus de circuler, mais cela a un coût psychologique et social important. Il est donc important que la solidarité se renforce. Pas seulement entre les individus, mais aussi au sein de la société. Non, on ne peut laisser évoluer la maladie sous prétexte que ce ne sont que des vieux ou des «mal fichus» qui meurent; non, on ne peut laisser les restaurateurs, les gens de la culture -ils sont nombreux- et tous les autres, qui ne demanderaient qu’à travailler sans un soutien ferme et garanti.

Or, que nous apprend le FMI: la Suisse est l’un des pays qui a le moins investi pour soutenir ses PME, beaucoup moins que la France ou l’Italie, pourtant largement plus endettés, par exemple. La Suisse est pourtant l’un des pays où les finances publiques sont les plus saines selon l’OCDE. C’est absurde et indécent! Et au milieu de tout ça, la Banque Nationale Suisse pleure qu’elle n’a engendré que 21 milliards de bénéfices en 2020 (contre, il est vrai, 49 en 2019) et qu’elle ne redistribuera que les 4 milliards prévus et pas un sou de plus. Chacun appréciera la déconnexion des milieux bancaires de la réalité économique des gens «ordinaires»… Il y a de quoi enrager.

Et ne devrions-nous pas nous poser la question suivante: l’instauration d’un revenu de base inconditionnel refusé il y a quelques années, et largement critiqué dans nos milieux, ne permettrait-elle pas aujourd’hui de passer le cap avec moins de dégâts sociaux? A bien méditer pour le monde de demain.