Qui a peur de la caisse maladie publique?

Il faut le dire • Le Canton de Vaud a décidé de demander aux autorités fédérales la possibilité de créer une institution d’assurance maladie publique cantonale.

Après Neuchâtel, le Canton de Vaud a décidé de demander à son tour aux autorités fédérales la possibilité de créer une institution d’assurance maladie publique cantonale. En deuxième débat, le projet a été approuvé cette semaine par le Grand Conseil par 73 voix par 66. L’institution serait chargée de fixer et d’encaisser les primes, de négocier les tarifs avec les fournisseurs de soins. Ceci alors que les tâches administratives – comme le contrôle des factures – resteraient aux mains des assureurs privés.

«Cette initiative très modérée propose de multiples avantages: une meilleure transparence des coûts, une vision et un contrôle des réserves qui laissent beaucoup à désirer maintenant, des cotisations unifiées, qui éviterait le tourisme annuel de changement de caisses bien compliqué pour certains et un meilleur développement de la prévention», a expliqué Marc Vuilleumier, député du groupe Ensemble à Gauche-POP. «Notre but premier, c’est d’avoir une meilleure adéquation des primes par rapport aux coûts réels», a ajouté le vert-libéral, Blaise Viannet, docteur de son état.

Cette proposition, qui mériterait d’être concrétisée une bonne fois pour toutes, fait-elle peur à la droite, souvent proche des lobbies des caisses? Toujours est-il que lors des débats vaudois, on a entendu, une nouvelle fois, la litanie des critiques habituelles. Que l’on va étatiser un peu plus la santé, que la caisse attirera tous les mauvais risques, qu’elle n’aura aucune influence sur les primes et les coûts de la santé. Bref qu’elle ne servira à rien. Sans vraiment proposer de solutions alternatives.

Rappelons que c’est la même droite qui combat aussi l’augmentation de la facture sociale cantonale. Cette dernière comprend notamment la couverture des subsides maladie. Bénéficiant à près de 290’000 personnes, cette couverture se montait l’année dernière à 800 millions dans le canton de Vaud. Sans cette aide substantielle, de nombreuses familles notamment dans la classe moyenne inférieure, ne s’en sortiraient pas.

Face au poids majoritaire du privé dans la santé, le projet d’une caisse publique dans laquelle seraient représentés les pouvoirs publics, les assurés et patients ainsi que les prestataires, en accordant plus de poids à l’intérêt public, mérite réellement d’être mise en place. Sans délai.